Bernard Andrieu
Contre l'esprit
La philosophie du corps dans la
cognition
Résumé
Notre recherche consiste à retrouver, sous la partie
visible des sciences cognitives, la partie invisible toujours
active qui les fonde c'est-à-dire les nœuds
liant à propos du cerveau-corps-esprit la
médecine, la psychologie, la philosophie et la
psychiatrie. Une certaine histoire philosophique de la
psychologie voudrait imposer la thèse d'une
indépendance de l'esprit par rapport au corps comme de
la psychologie par rapport à la physiologie, la
biologie, la neurologie ou encore la génétique.
Pourtant l'étude des troubles neurologiques, des
neuropathies du développement des cerveaux de l'enfant
prématuré, des psychopathologies des affects et
des lésions, dont le XIXe siècle avait
constitué ces modèles, se poursuivent aujourd'hui
pour maintenir l'interrogation sur la relation
esprit-cerveau-corps.
« Pas de corps, jamais
d'esprit »
A.R. Damasio, 1999,149.
« Nous avons deux corps,
le corps physique et le corps mental »
A.Berthoz, 2003,169.
La naturalisation du corps par la philosophie de
l'esprit
L'expansion de la théorie de l'esprit dans
la philosophie cognitive
[1] a produit une domination du cognitivisme
sans que le corps
[2], sa nature, sa qualité et son
activité, ne soit un principe de la connaissance. La
philosophie de l'esprit
[3] aura été le moyen de
poursuivre l'étude de la conscience
[4]. Si la philosophie de
l'esprit est bien « une réflexion sur la
possibilité d'une ontologie des phénomènes
mentaux »
[5], l'existence et la nature de ces
phénomènes a pu définir une philosophie de
la psychologie et une psychologie cognitive
[6]. La philosophie de la
psychologie ne se contente plus d'étudier
l'intentionnalité du mental indépendamment du
développement d'une théorie naturaliste :
« les sciences cognitives visent à se constituer
en tant que sciences naturelles de
l'esprit »
[7]. Le corps disparaît en tant que
principe de la connaissance car sa réduction
physicaliste et sa
dividuation neurocognitive le
décomposent en éléments naturels dont
l'assemblage fera l'objet des différentes
théories de l'esprit. La critique de
The Concept of
Mind par G. Ryle en 1949 au nom du béhaviorisme aura
produit une philosophie de l'esprit
[8]. L'interrogation ne porte plus
sur l'examen du travail de l'entendement mais sur la
description du fonctionnement de l'esprit dans ses traitements
des données : contenus sensibles, objets
matériels, universaux, propositions...Le corps ne
devient au mieux qu'un pourvoyeur de données, sinon un
obstacle dont il faut modéliser l'utilité.
L'étude des processus cognitifs s'effectue dans une
science de l'esprit
[9] qui utilisent une méthodologie
psychologique rénovée, les résultats des
sciences biologiques du système nerveux, les travaux de
la linguistique et de la logique. L'hypothèse
computo-représentationnelle suppose que les
entités mentales transportent des informations soit
grâce à la dynamique complexe des états du
système nerveux central, soit grâce aux processus
logiques au sens d'un calcul établi par A. Turing. Le
cognitivisme satisfait à la naturalisation du
corps
[10] en affirmant : 1. Le mental a une nature
matérielle au sein d'une conception moniste du monde ;
2. Mais le mental a une autonomie conceptuelle suffisante pour
décrire la nature fonctionnelle de ses entités.
Cette distinction habile, elle évite le dualisme, suffit
à attribuer 1. aux neurosciences et 2. à une
logique fonctionnaliste.
Le corps n'apparaît qu'à travers la question des
qualia[11]. Exclusivement connu par une
expérience strictement privée, le
quale
est l'effet d'une organisation matérielle du corps et du
cerveau
[12]. Bertrand Russell nous rappelle la
différence entre les données physiques et les
données psychologiques en distinguant le
caractère privé du caractère public de la
sensation
[13]. B. Russell accorde à la
psychologie le statut de science de l'esprit au nom d'une loi
causale purement mentale. L'échec du manuscrit de 1913,
selon l'opinion de L. Wittgenstein, ne doit pas occulter la
tentative du monisme neutre comme la possibilité pour le
corps d'être réintroduit par B. Russell dans la
philosophie de l'esprit. Le monisme neutre est la
théorie selon laquelle le mental et le physique
« ne diffèrent par aucune propriété
intrinsèque ... mais seulement par leur disposition et
leur contexte »
[14]. Il poursuivra dans
Analyse de
l'esprit en 1921 une conciliation entre la tendance
matérialiste de la psychologie et la tendance
anti-matérialiste de la physique : en admettant
l'interpénétration du physique et du psychique,
B. Russell définit la sensation, à la
différence de l'image, comme ce qui est commun aux
mondes mental et physique
[15].
The Analysis of Matter conserve,
au sein d'un monisme neutre, aux propriétés
physiques le principe d'inférence de l'état
d'esprit à partir d'un état
cérébral
[16]. Le monisme neutre aura maintenu le
corps dans une unité physique et mentale sans parvenir
à décrire les modes de constitution
matérielle des états mentaux.
Matière corporelle et philosophie de la
pensée[17]
Pour éviter que cette
naturalisation du corps ne conduise à une
élimination ou à une analycité de ses
qualia, D.M. Armstrong a repris le thème de la
perception pour défendre un réalisme direct selon
lequel « nos impressions sensorielles sont acquises
à titre de croyances, et qu'elles correspondent ou non
à la réalité physique »
[18]. Le
réalisme direct s'inscrit dans une théorie
matérialiste de l'esprit dans laquelle la perception est
une croyance vraie ou fausse acquise à partir de
l'état du corps et de son environnement. Pourtant D.M.
Armstrong admet une variété dans le type de
sensation : il distingue les “bodily
perception”, les “bodily
sensation” et les « bodily feelings”
refusant à ces derniers une localisation
particulière dans le corps
[19]. Si le monde est bien
“scanned” dans la perception, le passage de
la vision à la perception, puis de la perception
à l'introspection pose le problème des
qualités secondaires par rapport aux qualités
physiques
[20].
De la matière à pensée
[21] à la
neurocognition du développement, la matière
corporelle change de statut épistémologique :
d'unité déterminée par le jeu machinal de
l'homme neurona[22]l, la matière corporelle est
source d'individuation épigénétique
accordant ainsi à la pensée une activité
adaptative du corps ; « ce sont les corps qui
pensent » et « il n'y a pas de corps sans
pensée »
[23]. Ce remplacement de l'esprit par la
pensée est le résultat du fonctionnalisme
représentationnel
[24] de J. Fodor le moyen de décrire
un langage de la pensée qui évite les deux sortes
de réductionnisme que sont le béhaviorisme
logique et le matérialisme physiologique. L'affirmation
d'un langage de la pensée sur le modèle de la
computation
[25] assurerait un modèle commun
à tous les organismes, corps vivant ou machinal. En
décrivant l'architecture de l'esprit comme une
hiérarchie de fonctions et de système, « le
degré du matérialisme dépend du
degré d'identification des propriétés
fonctionnelles aux propriétés
physiques »
[26]. Le corps, décrit à partir
du modèle de la machine et de l'organisme, s'inscrit
dans une
Functional state identity theory : celle-ci ne
serait pas réductionniste car l'identité des
types garantirait une correspondance entre les états
psychologique de l'organisme et les états
réglés de la machine
computationnelle
[27]. En établissant sa classification
fonctionnelle, J. Fodor place le corps au rang de
systèmes périphériques fournissant
l'information aux systèmes centraux par le moyen des
transducteurs : les modalités
[28] sensorielle et perceptuelle
ne relèvent pas des propriétés des
processus cognitifs centraux, car le corps ne pense pas ; s'
« il doit forcément exister des tâches que
l'esprit
ne peut pas accomplir »
[29], l'existence de
limitations innées de nos capacités mentales
interdit d'attribuer au corps un statut autre que
périphérique. Ni déterminisme inné,
ni empirisme, la psychologie computationnelle limite, elle a pu
être décrite comme celle de l' esprit
mécanique
[30], l'insertion des
propriétés sensationnelles à son
« cloisonnement informationnel »
[31] dans les
mécanismes cognitifs des processus centraux.
Dans sa critique de la théorie empirique de l'esprit,
Daniel Dennett voudrait évaluer la définition
ontologique de l'esprit sans céder aux sirènes
connectionnistes. Contre le spiritualisme et le dualisme des
substances, D. Dennett défend d'abord la thèse de
la corrélation entre les énoncés du
langage mental et les énoncés des sciences
physiques
[32] : en soulignant les normes de
rationalité, D. Dennett traite tout objet comme un
système intentionnel ; cette posture
intentionnelle
[33] est une stratégie qui attribue
des croyances à des humains et des êtres
artificiels ; ainsi toutes les opérations perceptives de
la pensée et de l'action peuvent être
décrites selon un modèle de versions
multiples
[34]. Sans discriminateur central, ni
récit définitif, le vécu corporel du
temps, de la conscience et de la perception est un flux
parallèle de contenus mobiles. Le processus
d'interprétation, d'inférence et de construction
est incorporé au traitements même des
informations, si bien que toute localisation cristallise
après coup la mobilité cognitive
[35].
L'esprit-cerveau[36]
Comme l'heuristique intentionnelle
de D. Dennett, la grammaire du cerveau
[37] est une
méthodologie linguistique qui analyse les
énoncés afin d'éviter leur confusion. Pour
L. Wittgenstein, la première cause d'erreur du principe
de localisation de la pensée est l'utilisation d'un
raisonnement analogique qui nous fait croire en la
réalité matérielle de la description
métaphorique. Cette prise à la lettre de la
métaphore est un effet de structure de la grammaire des
mots de la langue : « La raison principale qui nous
incline à localiser la pensée dans le cerveau est
sans doute que nous utilisons, concurremment avec les termes
“pensée” ou
“penser”, les termes
“parler”, « écrire”
qui décrivent une activité corporelle, ce qui
nous amène à considérer la pensée
comme une activité analogue... Quand nous disons :
« Le cerveau est le lieu où se situe la
pensée », qu'est-ce donc que cela signifie ?
Simplement que des processus physiologiques sont en
corrélation avec la pensée, et que nous supposons
que leur observation pourra nous permettre de découvrir
des pensées... Cependant, si nous utilisons l'expression
« le cerveau est le siège de la
pensée », sachons bien qu'il s'agit là
d'une hypothèse que seule l'observation de la
pensée dans le cerveau serait à même de
vérifier »
[38]. A partir de l'analogie de penser avec,
par exemple, parler dans leur fonction grammaticale, nous
attribuons une même logique corporelle: comme « la
bouche exprime la pensée”, le cerveau exprime
la pensée. Le recours à cette analogie corporelle
procède à partir d'un schéma causal selon
lequel le cerveau est l'agent opératoire de la
pensée, son mécanisme intermédiaire. En
affirmant que c'est l'esprit qui pense, en attribuant le
“qui” au cerveau, la métaphore est
remplacée par un argument localisateur fort, une sorte
de réductionnisme voilé. Pour L. Wittgenstein la
pensée est « une activité qui utilise des
signes ». Et à cet égard il limite son
projet à la compréhension de la structure et de
la grammaire d'expression comme « le cerveau exprime la
pensée ». Par l'analogie corporelle, le cerveau
est considéré comme un organe matériel ;
dans l'expression « siège de la
pensée », le cerveau contient et
matérialise l'état mental qui n'est qu'un autre
nom de la réalité physiologique de l'état
neuronal. Le risque de l'analogie corporelle est
d'entériner l'hypothèse de la localisation sous
le poids de réalisation de la métaphore. Car si
le cerveau est le siège de la pensée, il n'y a
plus à supposer l'existence d'états mentaux
indépendants puisque l'explication neurophysiologique se
présente comme la description causale de la
réalité
[39]. Le mot « siège »
spatialise la pensée.
L'esprit-cerveau
[40] voudrait éviter la critique
grammaticale en introduisant des différences de
degré entre les deux dimensions de l'activité
cognitive. Même s'il reconnaît que le
problème esprit-corps n'existe pas plus que le
problème estomac-digestion, la thèse du
réalisme intentionnel de J.R. Searle défend un
double rapport selon lequel « les états mentaux
sont à la fois
causés par les
opérations du cerveau et
réalisés
dans la structure du cerveau »
[41] J. Searle précise
: « Ma thèse est que les phénomènes
mentaux sont biologiquement fondés : ils sont à
la fois causés par les mécanismes
cérébraux et réalisés dans la
structure du cerveau. Dans cette perspective, la conscience et
l'intentionalité relèvent de la biologie humaine
au même titre que la digestion ou que la circulation
sanguine. C'est un fait objectif du monde qu'il contient
certains systèmes, à savoir les cerveaux, qui
sont munis d'états mentaux subjectifs, et c'est un fait
physique que pareils systèmes possèdent de traits
mentaux. La solution correcte du « problème
esprit-corps » ne consiste pas à nier la
réalité des phénomènes mentaux mais
à en apprécier correctement la nature
biologique »
[42]. Il ne faut pas se tromper sur la
signification de ce rapprochement de l'intentionalité et
du cerveau. J. Searle estime lui-même que son approche
des phénomènes et des événements
mentaux est réaliste, au sens où les
phénomènes mentaux existent réellement. J.
Searle accorde un degré de réalité aux
états mentaux sans pour autant céder à la
tentation de la matérialisation organique. Cette
démarche nous importe car elle veut situer chaque niveau
en lui assignant une place épistémologique
précise.
Ce nouveau dualisme de description repose sur la distinction
entre l'ordre physiologique et l'ordre mental. J. Searle
établit des relations entre l'action intentionnelle et
les mécanismes neurologiques :
« intention en action cause mouvements du corpscausent et
réalisent causent et réalisentexcitations
neuronales causent changements physiologiquesindividuelles....
Notons que, sur ce modèle comme sur le
précédent, nous pourrions tirer des
flèches diagonales qui montreraient ici que l'intention
en action cause les changements physiologiques et que les
excitations neuronales causent les mouvements du
corps »
[43].
L'intentionalité du cerveau serait causée par les
excitations neuronales individuelles, mais la perception,
l'action et tout état intentionnel posséderaient
en contrepartie un contenu intentionnel sous un mode
psychologique. La liaison cerveau-intentionalité fait
partie des conditions de satisfaction de l'état
intentionnel. J. Searle veut résoudre la fausse
opposition du dualisme de réalité pour le
concevoir à partir d'un naturalisme biologique. Ce type
de dualisme, que nous appelons le dualisme de
propriétés, n'indique pas pour autant une
naturalisation de l'intentionalité.
Ainsi J. Searle reconnaît que certaines régions du
cerveau servent spécifiquement à certains types
d'expériences. Ce sont les réseaux et les cartes
de l'activité cérébrale qui correspondent
à cet argument. Toutes les entrées sensorielles
se convertissent en un intermédiaire unique, l'influx
nerveux, dont l'intensité peut varier selon la
modalité de l'information reçue. Pourtant J.
Searle maintient une différence entre le cerveau et
l'esprit lorsqu'il définit ce dernier comme « des
séquences de pensées, de sensations et
d'expériences conscientes ou inconscientes qui ensemble,
constituent notre vie mentale »
[44]. Il dénonce le
béhaviorisme, le fonctionnalisme et le physicalisme :
ces systèmes philosophiques nient la possession
intrinsèque des états mentaux conscients et
subjectifs. Or la conscience est l'élément
central de toute existence humaine parce qu'elle en fournit la
signification. Sans elle l'univers n'aurait pas de sens, si
bien que la question de l'action de l'esprit sur le corps reste
pleine et entière : comment peut-on expliquer le passage
d'une intention de lever le bras à la réalisation
physique d'une action de levée de bras ? Comment un
objet mental peut-il produire une action physique ?
Pour résoudre cette question, J. Searle affirme sa
première thèse selon laquelle la pensée
est à l'intérieur du cerveau : « Tous les
phénomènes mentaux conscients ou inconscients,
visuels ou auditifs - douleurs, excitations,
démangeaisons, pensées, bref, toute notre vie
mentale-, sont causés par des processus qui se
produisent à l'intérieur du
cerveau »
[45]. La description neurophysiologique de la
douleur, à partir des terminaisons des nerfs sensitifs
jusqu'au cortex somato-sensitif, sert d'exemple à J.
Searle pour expliquer la production des sensations. Mais pour
éviter le réductionnisme, J. Searle doit ajouter
à sa première thèse que les
phénomènes mentaux sont des traits
caractéristiques du cerveau : c'est-à-dire des
déclinaisons matérielles du cerveau sont à
l'œuvre pour donner une structure matérielle
à l'esprit. Mais la compréhension des processus
qui engendrent la conscience et les phénomènes
mentaux ne sont compris que dans leur caractère
général. J. Searle s'en tient là : ce
serait confondre la microstructure et la macrostructure que de
prendre le caractère général pour le
détail fonctionnel. Ainsi les phénomènes
qui sont causés par des processus biologiques sont en
même temps matérialisés dans des processus
biologiques. C'est le sens des phénomènes mentaux
qui sont à l'intérieur du cerveau, pour autant
qu'ils nécessitent des supports biologiques pour se
réaliser. Ce qui n'est pas pour J. Searle le cas de
l'intentionalité.
J. Searle en vient à proposer une différence de
niveaux : « L'existence de deux niveaux réels au
niveau de la causalité pour décrire le cerveau,
un niveau des macro-propriétés des processus
mentaux, un autre des micro-propriétés des
processus neuronaux... La conscience, par exemple, est une
propriété réelle du cerveau, qui peut
causer des événements
physiques... »
[46]. L'esprit et le corps par le moyen du
cerveau agissent l'un sur l'autre :
Niveau des macro-propriétés des processus mentaux
Esprit Sémantique
---------------------------------------------------------------------------
= ----------------
Niveau des micro-propriétés des processus
neuronaux Corps Syntaxe
Mais si le cerveau est la cause de l'esprit, la syntaxe qu'il
produit pour le fonctionnement ne suffit pas pour produire la
sémantique. C'est le sens qui coupe les deux niveaux et
y introduit une barre de séparation qui donne à
la position de J. Searle la qualité de dualisme. Il ne
s'agit pas d'une dualisme de substance dans la mesure où
il décrit les phénomènes mentaux et du
cerveau selon des différences de taille de
propriétés. Mais l'esprit a un contenu mental
dont l'aspect sémantique est séparé du
niveau syntaxique des processus neuronaux qui, pourtant, le
produit physiquement. L'explication neurophysiologique n'est
donc pas incompatible avec l'interprétation
psychologique qui permet au cognitivisme de développer
une théorie interne sur les contenus mentaux à
travers les représentations, les croyances et les
jugements. La distinction s'effectue par les contenus qui ne
sont pas le côté pile et le côté face
d'une même pièce de monnaie.
L'intentionalité constitue pour J. Searle cette
causalité de certains types d'états mentaux.
L'intention est une composante mentale qui « doit
à la fois
représenter et
causer la
composante physique »
[47]. J. Searle maintient
séparé les deux niveaux de
propriétés.
Dans ces conditions la redécouverte de l'esprit critique
la raison cognitive ne conduit jamais J.R. Searle à
implanter dans le corps des phénomènes
intrinsèquement intentionnels car les processus
neurophysiologiques sont bruts et aveugles
[48] ; l'anthropomorphisme
nous fait attribuer au cerveau des qualités qu'il n'a
pas. L'absence de contenu mental dans le cerveau interdit
l'attribution au corps physique de tout processus mental, seul
l'esprit est pensant, même si cette pensée est
permise par l'activité neurophysiologique. Le cerveau
est bien l'organe du mental dans sa capacité
mnésique de l'information sensorielle. Vouloir
résoudre le mystère de la conscience comme celui
d'un problème biologique revalorise la question du corps
: s'inspirant des travaux d'Israel Rosenfield
[49], J.R. Searle
reconnaît, sans adhérer à la thèse
biophénoménologique, que le corps est central
pour notre conscience : « Toute conscience n'est pas
conscience du corps. Mais toute conscience commence avec
l'expérience du corps par le biais de l'image du
corps »
[50].
De l'empirisme au physicalisme, la philosophie du corps
La philosophie du corps aura d'abord été un rejet
du dualisme cartésien
[51], et l'examen des théories
physiques se nourrit toujours d'une prudente distinction
méthodologique avec la philosophie de
l'esprit
[52]. C.D. Broad, analysant le
problème traditionnel du corps et de l'esprit, indique
combien sa résolution devrait placer par une
théorie-centre
[53] qui prenne en compte à la fois
l'unité de l'esprit et la relation asymétrique de
ses états mentaux avec les états corporels. Cette
centralité du
body-mind problem reconnaît
un seul cerveau et deux réalités tout en se
posant la question, sans réponse, esprit où es-tu
?
[54]
Le premier Ruldolf Carnap, celui de
La construction logique
du monde (1928), avait su distinguer la tache de la
physiologie, la question de la correspondance de chaque
processus psychique avec un processus dans le système
nerveux central, la tache de la psychophysique. Le passage du
langage réaliste au langage constitutionnel
décrit les énoncés du parcours
parallèles des constituants entre la série
psychique et la série physique ; la fiction du miroir
cérébral maintient le parallélisme des
énoncés
[55].Dénonçant en 1969 les deux
dogmes de l'empirisme, la division entre l'analytique et le
synthétique, W.V.O.Quine assigne à
l'épistémologie l'étude du sujet humain
physique, comme phénomène naturel. Avec l'espoir
de réaliser une épistémologie
psychologiste non mentaliste
[56] W.V.O. Quine retrouve son
maître dans leurs analyses des énoncés :
l'épistémologie naturalisée se fonde sur
une ontologie physiologique plutôt que
neurophysiologique
[57].
En défendant la thèse du double aspect, le
philosophe américain Thomas Nagel souligne le rôle
de la nature du corps sur la description de l'esprit. En
étudiant « Quel effet cela fait d'être une
chauve-souris ? »
[58], l'extrapolation sémantique de la
constitution neurophysiologique d'une chauve-souris doit rester
incomplète. Cette dissonance cognitive avec l'autre
corps rappelle combien le caractère subjectif d'une
expérience, refusé par Saul Kripke
[59], est un
critère de contingence dans la relation esprit-cerveau.
Car, si une phénoménologie objective
constituerait un idéal épistémologique,
« votre corps, ou votre cerveau tout au moins, est ... un
objet qui possède des aspects physiques et des aspects
mentaux »
[60] ; le corps ne relève plus du
physicalisme strict, car il produit un effet mental, effet dont
la qualité est subjectivement différence de la
production objective de sa cause physique ; une théorie
unifiée du corps et de l'esprit pourrait, si elle
était possible, décrire la conscience de
manière purement physique. La subjectivité du
corps humain est donc comprise par T. Nagel car le corps, comme
le monde, n'est pas que physique en raison de ses aspects
internes comme le prouve le sentiment de la douleur.
Wilfrid Sellars radicalise l'empirisme pour débarrasser
la philosophie de l'esprit de l'idée afin de revaloriser
le donné sensoriel sur le fondement d'une connaissance
non inférentielle
[61]. La perception sensorielle des contenus
sensibles ouvre la possibilité
épistémologique d' une description directe des
propriétés du corps.
Le remplacement du corps par le cerveau
Or le corps
n'apparaît dans la philosophie de l'esprit
[62] que pour
dénoncer, avec raison, le matérialisme
réductionniste de D. Armstrong et de Paul M.
Churchland
[63]. Le corps, sa complexité
sensorielle, est remplacé par ce qui serait son organe
principal, le cerveau : ce centralisme neurologique a pu
conduire à l'élimination du corps sensible mais
aussi à la recherche de nouveaux modèles pour
inclure le corps dans le cerveau.
Ainsi « les spécialistes du cerveau, de la
pensée et de l'intelligence artificielle sont, à
l'aube du IIIe millénaire, engagés dans une
rencontre historique, de celles qui peuvent être à
l'origine d'une véritable rupture
épistémologique »
[64]. La relation entre le cerveau
et la psychologie prendrait aujourd'hui une dimension nouvelle
par le développement de l'imagerie
cérébrale anatomique et fonctionnelle. La
neuropsychologie cognitive espère décrire les
réseaux neuronaux dans leur mobilité en
sollicitant par des tâches la cognition des sujets. La
neuropsychologie cognitive est réaliste et décrit
le cerveau comme une réalité ontologique : sans
nécessaire être réductionniste, la
neuropsychologie cognitive défend une thèse
naturaliste : le réalisme intentionnel, s'il
reconnaît le contenu sémantique des
représentations, selon Marc Jeannerod « peut
être naturalisé en termes de
propriétés physiques du réseau
nerveux »
[65]. Les états
cérébraux sont la propriété
physique des états mentaux, même si le contenu
sémantique de ces derniers peut être
étudié en eux-mêmes. Les états
cérébraux, décrits en termes fonctionnels,
auraient naturellement une relation intentionnelle avec les
objets réels du monde. La naturalisation de
l'intentionnalité étudierait objectivement les
états mentaux par le moyen d'une science naturelle : la
psychologie
[66], la biologie, les neurosciences.
En 1982 la possibilité
[67] s'ouvrait « de construire une
physiologie de la cognition humaine »
[68]. Les neurosciences
cognitives
[69] postulent une biologie de l'esprit moins
réductionniste que la neurophilosophie que ne l'indique
J.M. Roy. Selon lui la neuroscience cognitive, qui irait de la
neurophilosophie à la biologie de l'esprit, reposerait
sur « l'hypothèse de l'essentialité de la
dépendance heuristique »
[70] :
- Une explication de l'activité du système
nerveux faisant explicitement mention de
propriétés neurobiologiques, neuro-anatomiques et
neurophysiologiques.
- Ces propriétés neurobiologiques doivent
être reliées à des facultés
cognitives, de manière effective ou potentielle.
- Recherche des corrélats cérébraux
d'une capacité cognitive.
- Rejet de l'éliminativisme neurobiologique
- Relation de dépendance ontologique entre les
propriétés psychologiques et
propriétés neurobiologiques
- Naturalisme cognitif, qui réunirait le non
réductionnisme chez Sejnowski et les Churchland, le non
réductionnisme de type émergentiste de Kosslyn et
Kœnig, et les thèses de M. Gazzaniga.
- Dépendance heuristique de l'hypothèse
psychologique par rapport à l'hypothèse
neurobiologique.
Cette écriture de l'histoire des neurosciences
cognitives est symptomatique de l'effacement des
différences : l'éliminativisme neurobiologique,
revendiqué par la neurophilosophie, défend un
réductionnisme va au-delà d'une dépendance
heuristique et d'une dépendance ontologique : la
psychologie ordinaire doit être éliminée
car les états mentaux sont des états
neurobiologiques et non de simples corrélats ou
propriétés.
L'illusion virtuelle du corps neurocomputationnel
Si
l'on s'en tenait aux textes fondateurs
[71] des sciences cognitives,
la modélisation computationelle du corps a
été réalisée par l'informatisation
de l'esprit
[72]. Ainsi le connexionisme aura
réintroduit le corps dans la théorie de
l'esprit
[73],mais un corps virtuel et
computationnel
[74]. Les réseaux neuronaux sont
appelés au début des années 1980 comme des
réseaux neuro-mimétiques c'est-à-dire des
collections d'unités de calcul
[75]. On distingue neurones
d'entrées les unités du réseau dont
l'activité est directement influencée par
l'environnement et neurones de sortie ceux où sont
observés les résultats des calculs qu'il
exécute. Dans ces cas, tous les neurones directement
affectés par l'environnement sont appelés
neurones visibles. Mais pour augmenter la puissance de calcul
au réseau, car sans cela il posséderait un nombre
de capacités de calcul limité, on y ajoute des
neurones qui n'ont pas de lien direct avec l'environnement, les
neurones cachés.
La difficulté, ce qui explique l'évolution des
différentes sortes de réseaux, est de
modéliser les facteurs fondamentaux du traitement
biologique de l'information par le moyen d'une
représentation mathématique du neurone. Jean
François Jodouin, dans son article
“Présentation des modèles
connexionnistes »
[76], distingue trois sortes de
modèles de réseau à travers la
récente histoire du connexionnisme :
- Les réseaux à deux couches : il y a la couche
d'entrée où l'activité des neurones est
représentée en un exemple et la couche de sortie
où celle-ci est représentée par le
résultat du calcul. Le problème d'apprentissage
du poids des liens du réseau n'est pas abordé
dans la mesure où aucun lien n'existe entre les deux
couches. Le
Perceptron de Rosenblatt (en 1958) et le
système Adaline de Widrow et Hoff (en 1960) : le
Perceptron est un réseau composé de trois
couches, une rétine qui numérise une image
donnée en une matrice de point, une couche
d'unités de prétraitement, une aire de
réponse. Les systèmes simples à deux
couches présentent donc des limites. Marvin Minsky et
Seymour Papert démontrent en 1969 que les réseaux
à deux couches ne peuvent apprendre à
différencier que des exemples représentés
par des vecteurs linéairement indépendants.
- Les réseaux récurrents apparaissent vers la fin
des années 1970. Ils présentent une
connectivité plus complexe que les modèles
à deux couches. Les couches de neurones
indépendants sont remplacées par des liaisons
entre neurones par un système de boucles, de
réseaux bouclés ou récurrents. Deux voies
se dégagent : l'une s'intéresse à ces
modèles comme mémoire associative en leur
attribuant des capacités d'apprentissage ; l'autre
développe des réseaux dits compétitifs
où une quantité constante de poids est
répartie entre les différentes connexions d'un
neurone ou plusieurs neurones. Ces réseaux interactifs
sont mis en œuvre par John Hopfield (en 1982) à
travers une analogie entre ce type de réseau et un
système physique à partir du calcul de
l'énergie du système d'ensemble. Il s'agit de
définir un état d'équilibre du
réseau mathématiquement équivalent
à un état d'énergie minimale dans un
système thermodynamique. Dans les réseaux
compétitifs, chaque neurone du réseau se
spécialisera dans la détection d'un trait
particulier si bien que les liens entre les neurones a pour but
de favoriser la victoire de celui qui aura été
activé par le réseau.
- Le travail de T. J. Sejnowski s'inscrit dans le
développement dans les années 80 des
réseaux à couches cachées : ils sont
caractérisés par la possibilité
d'apprendre malgré la présence de neurones
cachés dans le réseau. Les capacités de
calcul sont donc plus importantes. Méconnu jusque dans
les années 1980, l'algorithme de
rétropropagation, inventé par Paul Werbos de
l'Université d' Harvard, n'est possible que dans des
réseaux multicouches. Il s'agit d'insérer entre
les unités d'entrée et les unités de
sortie des unités cachées dont la fonction est de
pré-traiter l'information. La démonstration de
ces modèles a été mise en œuvre
an 1986 par d'un coté David Rumelhart, Ronald Williams,
et d'un autre coté G. Hinton et T. Sejnowski.
Le cerveau semble ainsi utiliser des codages par population par
lesquels l'information est représentée par un
ensemble de neurones actifs. Même en cas de
lésions partielles comme l'anesthésie de
certaines cellules, l'œil se déplace dans une
direction codée par la moyenne des cellules qui restent
actives. Les réseaux de neurones artificiels sont donc
le moyen d'opérer des simulations de l'apprentissage en
soulignant la diffusion de l'information et sa rétention
structurelle à l'ensemble du réseau.
Le modèle de la vision va servir dès 1981
d'objectif pour le travail de description des processus
d'apprentissage par T. Sejnowski. Elie Bienenstock
[77] nous rappelle
combien la perception visuelle joue un rôle essentiel
dans les processus de différenciation entre la
plasticité informationnelle et la comparaison avec les
données déjà encodées dans les
réseaux d'apprentissage. L'invariance des
représentations dépend de la double
capacité à conserver ce qui est encodé et
de l'analyse des informations extérieures au
système.
Pour limiter les effets du matérialisme, une
différence de niveaux paraît fournir un fondement
suffisant contre l'accusation de réductionnisme :
-a) niveaux d'analyse (levels of analysis)
-b) niveaux d'organisation (levels of
organisation)
-c) niveaux de traitement (levels of processing)
Les niveaux d'analyse concernent la division conceptuelle d'un
phénomène selon les différentes sortes de
questions que l'on peut lui poser. Pour eux les niveaux
d'analyse doivent correspondre aux niveaux d'organisation du
cerveau et aux niveaux de traitement de l'information. Si bien
qu'entre a) b) et c) il y aurait une identité de point
de vue. Les trois niveaux distingués sont :
1) Le niveau computationnel de l'analyse du problème
abstrait.
-------------------------------------------------------
2) Le niveau de l'algorithme, spécifiant la
procédure formelle pour accomplir une tâche en
fournissant la sortie correcte pour une entrée
donnée.
-------------------------------------------------------
3) Le niveau de l'implémentation physique.
Le défaut consisterait dans cette présentation
verticale trop en faveur le niveau computationnel comme celui
d'un calcul abstrait sans prise en compte du niveau 3. Pourtant
du point de vue des neurosciences, le computationnisme abstrait
ne doit pas fournir une modélisation sans prendre en
compte l'organisation même de la communication
cérébrale des informations. Ce computationnisme
sert en réalité les intérêts d'un
cognitivisme qui reconnaît l'existence des états
mentaux, même si le traitement computationnel du niveau 2
assure par l'algorithme la transformation formelle de
l'information.
Cette critique de D. Marr et T. Poggio va porter sur la vision.
D. Marr
[78] propose un modèle des processus
complexes de l'image perçue. On le sait l'image oculaire
passerait à travers un ensemble de filtres
superposés travaillant en parallèle et
dotés de résolutions spatiales
différentes. Il s'agit de détecter les points de
variation d'intensité qui vont déterminer les
“bords” des objets : « une des
fonctions essentielles du cortex visuel primaire serait ainsi
de représenter topographiquement les changements
d'intensité de l'image, cela par l'intermédiaire
d'interactions entre neurones voisins. Un modèle de ces
processus complexes a été développé
dans les années soixante dix par D. Marr et
perfectionné par T. Poggio (MIT). Ce modèle
formel s'appuie entièrement sur les données
physiologiques et rend compte de ce travail de
“localisation des bords” d'images par les
cellules ganglionnaires et notamment les neurones du cortex
V1 »
[79]. L'idée d'une circulation
unidirectionnelle de l'information dans le cortex visuel fut
battue en brèche dès les années 1970 et
les travaux de D. Marr contribuèrent à
développer le schéma d'un câblage entre les
aires du cortex visuel.
Le reproche adressé à David Marr, son
“rêve”, consisterait dans
l'indépendance du niveau 1 par rapport aux deux autres
niveaux. Dans une perspective où les états
mentaux ne sont plus décrits que comme des états
neurobiologiques, la modélisation informatique ne doit
pas conduire à une perspective cognitiviste. Les
modèles de réseaux sont un moyen pour les
partisans du neurocomputationnisme
[80] de reconsidérer les
problèmes computationnels non plus en les isolant pour
un traitement abstrait mais en les reliant à la
structure même de l'organisation cérébrale.
Dès 1981 la notion de code permet à T.J.
Sejnowski de préciser comment l'activité
simultanée des aires visuelles corticales est
ordonnée. Quel est donc ce code permettant d'associer
les neurones répondant au même stimulus ?
« Au début des années 1980 les
théoriciens allemand C.von der Malsburg et
israélien M. Abeles avaient proposé que ce
“code commun” puisse résider dans la
synchronisation temporelle entre les impulsions
électriques émises par les neurones...
Aujourd'hui, une conception d'ensemble de la
représentation des objets visuels dans le cortex
commence donc à émerger. Chaque stimulus est
représenté par l'activité
simultanée et synchrone d'une population de neurones
dispersés dans les différentes aires visuelles.
Cette nouvelle vue bouleverse la conception classique d'un
traitement successif de l'information par les aires
visuelles »
[81].T.J. Sejnowski fait partie de ceux qui,
en 1981, font l'hypothèse d'un second code ordonnateur :
en effet les codes de premier ordre permettent aux informations
visuelles de s'inscrire dans les neurones en un temps
donné. Mais se pose le problème de la
corrélation temporelle entre deux neurones qui serait le
résultat d'un second code particulier.
Dans leur article « Color Vision : a case study in the
foundations of cognitive science”, Francisco Varela
et Evan Thompson
[82] ont montré que le statut de la
perception des couleurs constitue un des centres des
débats des sciences cognitives. En effet, les
théories de la couleur séparent trois points de
vue : il faut distinguer la manière dont les couleurs se
manifestent à nous, ce qu'on pourrait appeler la
structure de la manifestation de la couleur ; puis la couleur
en tant qu'attribut perçu des choses du monde ; et enfin
la couleur comme catégorie de l'expérience. Or la
théorie computationnelle de D. Marr et T. Poggio
n'envisage la couleur qu'à partir des modèles
informatiques de la vision de la couleur : c'est-à-dire
que la couleur comme attribut perçu devient, par
exemple, le résultat du coefficient de réflexion
de la surface d'un objet. Ainsi D. Marr espère
reconstituer au niveau de l'algorithme les conditions
d'impression des objets dans les bases neurobiologiques de la
vision.
La convergence des études physiologiques et
psychologiques a été rendue possible, à
l'inverse d'une approche seulement physiologique au XIXe
siècle, grâce à la prise en
considération de l'activation synchronisée des
aires corticales. En effet quand on regarde une image des
parties distinctes du cerveau l'analyse en traitant
séparément les différentes informations
visuelles, telles que la couleur, la forme et le mouvement.
Pourtant le vécu psychologique de l'image la
présente de manière unifiée. C'est dans
les années 1970 que l'étude du singe-hibou par
John Allman et Jon Kaas, de l'université de Wisconsin et
du macaque par Semir Zeki qui a montré que le cortex
visuel d'association, le cortex préstrié, est
constitué de plusieurs aires corticales,
séparées de l'aire V1 par l'aire V2. Une fois
amené le concept de spécialisation fonctionnelle
du cortex visuel, Semir Zeki a mis en évidence le
traitement séparé du mouvement et de la couleur ;
ainsi les capacités de distribution des aires V1 et V2
résultent de leur organisation structurelle et
fonctionnelle : « Quatre systèmes traitent ainsi
en parallèle les diverses caractéristiques des
objets : l'un d'entre eux détecte le mouvement, un autre
la couleur, et deux la forme. Les deux systèmes les plus
différents sont celui du mouvement et celui de la
couleur. L'aire V5 est la région principale du
système préstrié d'analyse du mouvement.
Elle reçoit ses signaux de la rétine, via les
couches magnocellulaires du ganglion genouillé
latéral et la couche 4B de l'aire V1. De cette
dernière, les signaux sont projetés vers l'aire
V5, à la fois directement et par les bandes larges de
l'aire V2. L'aire V4 est le cœur du système qui
traite la couleur ; ses signaux proviennent des couches
parvocellulaires du ganglion genouillé latéral et
traversent les colonnes de l'aire V1, avant de se diriger vers
l'aire V4, directement ou par les bandes minces de l'aire
V2 »
[83].
La référence aux travaux de J.Allman ou à
ceux de S.Zeki est le moyen pour P.S. Churchland et T.J.
Sejnowski
[84] d'étendre le modèle de la
perception des couleurs à d'autres domaines cognitifs
dans la mesure où la localisation dans le cerveau doit
désormais prendre en compte la profondeur du
système visuel. Le développement des nouvelles
techniques, comme l'émission de positrons par
tomographie (PET) ou les images à résonance
magnétique (MRI), nous ont appris que la partie de
l'écorce cérébrale qui est active au cours
de la vision est subdivisée en de nombreuses
régions fonctionnelles. Toutes sont situées
à l'arrière du cortex, dans les lobes occipital
et temporal. Cela signifie qu'un stimulus
présenté dans une petite région du champ
visuel active des neurones restreints à une petite zone
de chaque aire visuelle, et que deux stimuli adjacents activent
deux zones voisines de chaque aire. Les réseaux
neuronaux sont donc nécessaires pour rendre compte de la
complexité mais surtout de la spécificité
fonctionnelle associée à la réalisation de
chaque tâche
[85].
Le cerveau psychologique, modèle de la
médecine philosophique
Face à ce programme
naturaliste dominant d'une neuropsychologie cognitive, le
cerveau psychologique
[86] définit une méthode non
réaliste et instrumentaliste. Le cerveau psychologique
n'est pas le cerveau décrit par la neurophysiologie et
la neurologie. Le Docteur Josefa Ioteyko le définissait
ainsi dans son chapitre sur l'émergentisme intellectuel
de son ouvrage de 1920 consacré à
La
Fatigue : « Mais la constatation de ce genre ne
signifient pas qu'il existe un rapport de cause à effet
entre les conditions chimiques de l'activité psychique
et cette activité même, car entre les deux
s'intercale le phénomène physiologique
cérébral, et le problème consiste
précisément à résoudre le point de
vue, la liaison entre l'activité cérébrale
inconsciente et l'activité cérébrale
consciente. C'est pour avoir confondu l'activité du
cerveau physiologique avec celle du cerveau psychologique que
tant d'auteurs ont commis de si graves erreurs dans
l'interprétation du métabolisme
cérébral »
[87]. Cette confusion entre le cerveau
physiologique et « le cerveau
psychique »
[88] définit le cerveau psychologique
comme une fonction émergente au sens du psycho-monisme
du physiologue allemand de Verworm, selon lequel le monde
physique serait contenu dans le monde psychique.
Rien du psycho-monisme dans notre définition du cerveau
psychologique car sa fonction est épistémologique
pour relier les concepts neurologiques et psychologiques entre
eux. Ce relais et ce lien conceptuels opèrent des
traductions d'une signification neuroscientifique à une
signification psychologique. Le cerveau psychologique pourrait
être compris seulement comme un opérateur logique
entre des énoncés d'origine disciplinaire
différente. Mais le cerveau psychologique ne
relève pas entièrement du monisme anomal
défendu par Davidson
[89]. Selon Pascal Engel trois principes
constituent la position de Davidson : P1 : Principe
d'interaction causale selon lequel certains
événements mentaux ont une interaction avec des
événements physiques ; P2 Principe du
caractère nomologique de la causalité ; P3
Principe de l'anomisme mental, selon lequel il n'y a pas de loi
déterministe stricte sur la base desquelles on puisse
expliquer et prédire les événements
mentaux. Comme nous l'exposons dans notre troisième
partie le cerveau psychologique, P1 doit admettre aussi que
certains événements physiques ont une interaction
causale avec certains événements mentaux, en
raison de la qualification progressive ou régressive des
structures cérébrales dans le
développement ; P.2 reconnaît aussi au cerveau
psychologique une causalité déterminant des lois
pour les événements physiques, mais la
constitution de cette nomologie par la délimitation
expérimentale de ce qui relève de l'interaction
du cerveau psychologique, du développement
cérébral et de la perception psychologique. Le
cerveau psychologique admet la validité de P3 au nom
d'un antiréductionnisme et un
antiprédictionnisme, mais le constat de
corrélations au sein des études longitudinales
est au centre de l'évaluation neurologique et
psychologique du cerveau.
Le cerveau psychologique refuse de toute modélisation
par analogie du cerveau comme le computationnisme a pu
l'espérer au nom de l'absence d'isomorphisme entre la
structure des niveaux les plus élevés d'un
système avec sa structure des niveaux les plus
élémentaires
[90]. Faut-il se méfier pour autant de
toute modélisation cérébrale pour traiter
des problèmes de la cognition ? Le cerveau psychologique
refuse d'entériner la scission entre, selon l'expression
de Francis Eustache et Mareike Wolf, « une approche
essentiellement “neurologique” des
affections organiques cérébrales et un abord
psychodynamique des troubles psychiques »
[91].
L'intégration, au sein d'un matérialisme
dynamique, prend en compte les relations du cerveau, du corps
et de l'esprit : non pas dans une science unifiée et
cristallisée mais dans une interscience
méthodologique et descriptive entre les neurosciences et
la psychologie. Si l'on ne peut plus décrire l'esprit
sans le cerveau ou, au contraire, réduire l'esprit au
cerveau, nous supposons que la question de la communication
entre le cerveau et l'esprit reste le postulat de ce conflit
des descriptions plutôt que sa conséquence.
L'étude du cerveau n'a pas toujours été,
comme pourrait faire croire la naissance et le
développement des neurosciences, une
spécialisation naturaliste des sciences de l'esprit. La
localisation des aires du langage et de la mémoire par
Paul Broca et Karl Wernicke, aura pu établir un lien de
cause à effet à partir de 1860 entre les
facultés de l'esprit et le fonctionnement du cerveau.
Mais le lien entre le cerveau et l'esprit a toujours
été abordé à travers des objets
comme l'hystérie, la mélancolie ou la folie. Ces
objets ne sont pas seulement des intermédiaires entre
deux disciplines constituées comme la neurologie et la
philosophie. Ils sont problématiques par essence car ils
manifestent des phénomènes inexpliqués
comme l'influence des humeurs, la communication des esprits
animaux, ou encore la circulation des fluides.
La chair du cerveau, une phénoménologie
biologique
Nous défendrons la thèse que le
cerveau
[92] n'est pas un organe objectif qui serait
séparé de la vie du corps, c'est-à-dire de
sa constitution, de son métabolisme et de son adaptation
au milieu. Vivant, le cerveau se modifie sans cesse tant dans
son organisation que dans sa spécialisation.
Plutôt qu'un récepteur simple, le cerveau est
soumis à ses possibilités de plasticité et
de réadaptation
[93] : cette mobilité des
réseaux neuronaux dynamise le cerveau tant dans la
qualité de ses états mentaux que dans la
communication des neurotransmetteurs. Déterminé
par des facteurs génétiques, au cours de son
développement et dans ses régulations, le cerveau
n'est pas libre
[94] : le cerveau doit trouver une
homéostasie neurofonctionnelle en synthétisant la
contradiction entre la part des gènes
[95] et la part de
l'histoire. Cette synthèse, nous proposons de la
désigner sous le terme de la chair du cerveau. En
phénoménologie
[96] aucun concept n'a pas de
signification biologique car ils décrivent la
constitution subjective.
En alliant, plutôt qu'en séparant
[97], biologie et
phénoménologie, la notion de chair du cerveau ou
celle de cerveau incarné rejoint le travail fondateur de
Francisco Varela : en proposant de partir du corps vécu
pour rendre compte de la cognition, la notion d'incarnation n'a
plus ce sens dualiste de la tradition
chrétienne. L'esprit est désormais présent
par le corps qui le produit. Selon F. Varela, une voie moyenne
doit être maintenant proposée qui étudie la
cognition non comme une reconstitution d'un monde
extérieur prédonné (réalisme) ou
une projection d'un monde intérieur
prédonné (idéalisme). La cognition est
pour lui une
action incarnée : « Par le mot
incarnée, nous voulons souligner deux points :
tout d'abord, la cognition dépend des types
d'expériences qui découlent du fait d'avoir un
corps doté de diverses capacités sensori-motrices
; en second lieu, ces capacités individuelles
sensori-motrices s'inscrivent elles-mêmes dans un
contexte biologique, psychologique et culturel plus
large »
[98]. Trouvant le lien, si recherché
par Maurice Merleau Ponty entre biologie et
phénoménologie, l'
enaction démontre
comment les structures cognitives émergent des
schèmes sensori-moteurs récurrents qui guident
l'action par la perception. La séparation entre
motricité et perception conduit à une description
des mécanismes cérébraux et à une
interprétation, nous l'avons vu, neurocomportementale.
Ainsi le point de référence de la perception
n'est plus un monde prédonné mais « la
structure sensori-motrice du sujet (la manière dont le
système nerveux relie les surfaces sensorielles et
motrices). C'est cette structure - la façon dont le
sujet percevant est inscrit dans un corps -, plutôt qu'un
monde préétabli, qui détermine comment le
sujet peut agir et être modulé par les
événements de
l'environnement »
[99].
L'inscription corporelle de l'esprit
[100] doit non seulement prendre
en compte l'
enaction, mais aussi l'individuation de la
chair. La différence entre l'
enaction (action
incarnée) et l'individuation de la chair est de point de
vue : comment les structures cognitives permettent ou non au
sujet de percevoir ses incorporations constitutives. Comme le
rappelle Muriel Combes « l'individuation psychique est
une individuation vitale
perpétuée »
[101]. André Pichot,
reprenant les thèses de G. Simondon, « il faut
comprendre l'individu à partir de l'individuation, et
non pas l'individuation à partir de l'individu. Cette
individuation ressortirait alors à une dynamique
morphogénétique »
[102]. Si l'individu
était conçu comme une substance, il ne pourrait
plus s'autodéfinir à travers les interactions de
sa structure neurogénétique avec l'environnement.
Cette autodéfinition exige une adaptation dynamique des
réseaux du cerveau à partir du travail
d'actualisation et d'action nécessaire. Ce
morphodynamisme interne transforme le corps humain. Ainsi
l'environnement, comme le défendent les externalistes,
ne définit jamais entièrement et à lui
seul, le corps vivant. Ce serait limiter l'identité
à une réception perméable des
qualités externes, rendant ainsi vaine toute
activité subjective. L'individu ne cesserait alors de se
qualifier tout en se disqualifiant... Le corps ne retiendrait
rien de sa matière sous l'influence toujours
disqualifiante de l'environnement.
Or en utilisant le terme de chair, M. Merleau-Ponty n'en
restait pas la métaphore : il cherchait un modèle
dynamique où la matière vivante pouvait
elle-même s'auto-organiser
[103]. Pour la
phénoménologie de la chair, le sentiment
d'incarnation n'est pas une illusion subjective dont la cause
véritable se trouverait dans une détermination
neurobiologique. Car en voulant réduire la conscience du
sujet agissant aux résultats de l'interaction sensation
vécue-messages nerveux, l'argument neurobiologique veut
expliquer la subjectivité par l'objectivité. Au
contraire à travers une version phéno-biologique
de la théorie de l'émergence, une
continuité de niveaux de la sensation vécue
jusqu'au neurone est établie tant dans
l'objectivité des circuits cognitifs que dans la
subjectivité des vécus de conscience.
Il reste à démontrer que le cerveau de chaque
sujet est singulier en raison de ses incorporations formant sa
chair au cours de son épigenèse et des modes
neurosubjectifs de l'
enaction. Comment peut-on
décrire chaque cerveau dans sa singularité
subjective ?
Le corps pensant de la biocognition
L'opposition entre
l'inné et l'acquis a été renouvelée
par l'embryologie cellulaire et moléculaire en
précisant les conditions du développement
programmé et les possibilités imitées de
plasticité. La matière, qui fait corps humain, le
devient au fur et à mesure des incorporations
successives. Cette dimension historique de tout corps humain
est un étayage psychobiosocial : tout apprentissage
sollicite un support matériel pour être
sélectionné par la matière vivante et
servir ainsi de bases informatives pour l'activité
mentale. Le corps devient un
somaphore [104]par lequel le
sujet s'incarne.
Cette activité mentale est autonome car elle est
autorisée par chaque corps humain selon
l'élaboration de son histoire : la pensée
traverse les plis et les couches de
l'ésthésiologie subjective et de la
mémoire biopsychologisque. L'esthésiologie
subjective repose sur la perception du monde, elle-même
introduite par les sens dans le corps. La connaissance
objective n'existe pas puisque que chaque corps humain doit se
construire des “prototypes » de manière
empirique.Ce retour de soi en soi, qu'est toute pensée,
résulte de la traversée du corps par le
système nerveux central ; pour autant, s'il est vrai que
toute pensée est l'effet de l'activité du corps
pensant, ses contenus ne sont pas la reproduction exacte des
réseaux neuronaux mais leurs productions subjectives.
Par production biosubjective, nous désignons l'effet des
réseaux neuronaux à l'intérieur du corps
humain historiquement construit et dont l'organisation
matérielle lui procure une activité mentale
spécifique. L'incorporation ne peut être que
subjective. Rien de matérialisable ne peut être
localisé dans le cerveau. L'activité cognitive
repose sur des cartes, des réseaux, des aires
neurofonctionnelles ...plutôt que sur des
éléments singuliers. Cette
nécessité grégaire des collections
neuronales assure la communication indispensable pour
l'activité autonome de la pensée. Lorsque nous
pensons, nous n'avons pas conscience des réseaux
neuronaux pourtant mis en œuvre. Cette inconscience de
notre propre cerveau assure à la pensée une
indépendance imaginaire tant qu'aucun état du
corps ne soit suffisamment dégradant pour la limiter ou
l'influencer.
Cette activité utilise les produits du corps pensant en
les unifiant lors des états mentaux. Par état
mental, il faut comprendre ces formes cristallisées
à un moment voulu ou non par le corps pensant ; l'image
mentale peut tout aussi bien provenir de la recombinaison
mnésique que de la composition imaginaire ; elle fournit
à la pensée sa matière par des
représentations de mot ou de chose. Aucune
matérialité pourtant ne pourrait être
saisie puisque l'image mentale est une forme
immatérielle produite par la matière. Ce qui
apparaît paradoxal au sein d'une position
matérialiste. Comment de la matière pourrait-elle
produire de l'immatériel ? Le tout devrait-il être
différent et supérieur à la somme des
parties ?
S'en tenir à une position matérialiste non
réductionniste suppose aussi la reconnaissance de la
création des formes par la matière. Ce que nous
définissons comme un matérialisme dynamique. La
morphogenèse trouve bien dans la matière des
gènes du développement sa raison et son
dynamisme. Ne pourrait-on décrire l'état mental
comme une endogenèse de la matière du corps
pensant : le cerveau produit par ses réseaux la forme de
la pensée dont le contenu est trouvée dans la
connexion et la conjonction des matériaux constituant le
corps pensant. L'endogenèse des états mentaux est
dans une certaine mesure (tout le problème vient de
cette proportion) semblable à la morphogenèse
décrite par l'embryologie. La construction des
réseaux neuronaux est soumise à des contraintes
biologiques égales et l'étayage structure les
états mentaux comme le prouve les maladies de la
dégénérescence nerveuse. Pour
éviter de réduire la pensée au corps, il
faut reconnaître au corps pensant la capacité
matérielle à produire, non seulement des formes
organiques (états du corps) et des formes
programmatiques (enfants) mais aussi des formes
idéelles.
Cette endogenèse des formes idéelles,
dégagée par G. Simondon, suppose une
cristallisation en un état mental pour que le corps
pensant puisse s'apercevoir. Cette cristallisation est le
produit, que nous appelons la réflexion, de la dynamique
réelle de la matière. Il convient de distinguer
la représentation subjective de la description objective
de la matière du corps pensant. Non que la
représentation subjective soit erronée ou ne
puisse rien connaître de la réalité
formelle qui l'a produite. Non que la réalité
objective de l'idée du corps pensant soit
qualitativement imparfaite à la réalité
formelle de sa cause, le corps pensant lui-même. Mais
l'état mental est une forme synthétique de la
dynamique matérielle du corps pensant. Sans cette
causalité, elle ne pourrait exister mais à
l'inverse sans l'état mental le corps ne pourrait
être pensé. Cette complémentarité
fonctionnelle n'introduit pas un saut qualitatif du corps
à sa pensée. L'état mental rend le corps
pensant tandis que la matière vivante fournit par le
moyen du corps la matière à pensée.
L'action du corps émotionnel
La valorisation de
l'émotion place le corps dans une constitution dynamique
de la sensation. Contre la domination de l'esprit rationnel,
les racines de la singularité du Soi se trouvent dans un
esprit « si étroitement façonné par
le corps »
[105] : les cartographies du corps-objet
révèlent combien le corps est redoublée
dans l'organisation cérébrale, comme en
témoignent les travaux de V.S. Ramachandran sur la base
de l'homoncule de Wilder Penfield
[106]. En renversant l'ordre de
la raison et de l'émotion, l'action utilise un corps
agissant par délibération et décision
avant que la conscience n'en entérine le résultat
: selon Alain Berthoz « nous avons deux corps, le corps
physique et le corps mental. Le corps mental est
constitué de tous les modèles internes qui
constituent les éléments du schéma
corporel et permettent au cerveau de simuler, d'émuler
la réalité »
[107].
Pour A. R. Damasio, il convient aussi de faire une
neurobiologie de la faculté de raisonnement à
partir de l'étude du système nerveux impliquant
plusieurs régions du cerveau. Aussi voudrait-il
dénoncer l'erreur de Descartes
[108] qui serait celle du
dualisme. Il reproche au philosophe du
cogito d'avoir
conduit la philosophie hors du domaine de la science du cerveau
en affirmant la distinction réelle des substances
pensante et étendue.
L'intérêt de l'ouvrage d'A.R. Damasio se trouve
moins dans la critique interne de Descartes, qui ne
résisterait pas à une analyse de l'œuvre
du philosophe français, que dans la tentative de
réhabilitation de l'unité interne du corps avec
le cerveau. Aussi le corps définira moins le
système nerveux parce que « le cerveau et le corps
forment une unité indissociablement
intégré... l'unité organique
constituée par le partenariat corps-cerveau interagit en
tant que tout avec l'environnement »
[109]. Le lien entre le
cerveau et la pensée ne peut conduire à une
distinction réelle de l'état neuronal et de
l'état mental ; car « des changements
microscopiques... dans les circuits neuroniques
déterminent des représentations neurales,
lesquelles déterminent à leur tour des images que
nous ressentons comme appartenant à notre moi
propre »
[110].
L'interaction de l'organisme avec l'environnement, paradigme
retenu par A.R. Damasio, instaure un système dynamique
de régulation biologique. L'organisation cognitive
intègre des activités séparées dans
des régions cérébrales ; si bien que
l'idée d'un site intégratif unique ne correspond
plus à la diversité neurobiologique. Ce qui
paraît uni dans le monde mental ne se cristallise pas en
un seul lieu : car aucune région, à elle seule,
dans le cerveau humain ne peut traiter simultanément les
représentations fournies par toutes les modalités
sensorielles. Reprochant à F. J. Gall de n'avoir pas, et
pour cause à son époque
[111],
décentré l'activité du cerveau en
réseaux, A.R. Damasio s'appuie sur la neuro-anatomie
comme la discipline fondamentale des neurosciences. A travers
le cas
princeps de Phinéas Cage, dont le
crâne devait être traversé par une barre de
fer, le neurobiologiste trouve dans la topologie des
lésions la preuve d'une ramification
neurobiologique.
La description topographique des représentations
neurales constitue donc bien un argument
antiréductionniste. Plutôt, comme dans la
thèse réductionniste, que de matérialiser
l'activité mentale, l'introduction de la notion de
« représentations potentielles » voudrait
rendre compte du réseau : ainsi « les
représentations potentielles conservent dans le
réseau de leurs connexions synaptiques non pas des
images proprement dites, mais les moyens de reconstituer des
images »
[112]. Les représentations
potentielles sont moins en réserve, à la
manière de configurations préformées et
fixées, qu'enregistrées en des circuits
activés. Cette potentialité est « un
programme d'activation à l'état latent, qui passe
en application effective en déterminant la forme de
l'activité des neurones »
[113]. Même si cette
modélisation n'établit pas encore
d'équivalence pure entre qualité et
quantité, l'état mental est le résultat
d'une configuration de décharges nerveuses. Son
activation trouve dans les apprentissages une mémoire
structurelle suffisante pour fournir, à l'occasion de
l'état mental, une reconstruction. Pourtant, si cette
modélisation s'appuie sur les théories
récentes de l'apprentissage, elle devient discutable
lors du lien établi entre ontogenèse et
phylogenèse. Les représentations potentielles
contiendraient ainsi des informations à la fois
innées et acquises. Sous-tendant la survie, les circuits
innés du cerveau mettraient en œuvre les
mécanismes régulateurs fondamentaux. Cette
régulation instinctive n'interdit pas des modifications
de l'espace neural lors des interactions du corps et du
cerveau. Le refus du précablage mécanique conduit
A.R. Damasio à aller au-delà d'une description
instinctuelle des comportements. Pour cela sa théorie
des émotions serait le point d'équilibre
recherché entre l'innées et l'acquis : l'enjeu
est d'éviter un comportementalisme biologique selon
lequel les émotions seraient des réactions
préprogrammées depuis la naissance.
La distinction entre les émotions primaires et les
émotions secondaires est encore bien commode pour
séparer ce qui serait les réactions
mécaniques des expériences imaginaires de
l'émotion. A cet égard A.R. Damasio rejoint la
thèse de Jean Didier Vincent
[114] qui reconnaissait à
l'imaginaire un rôle déterminant dans la
cristallisation du désir sur un objet. Mais, en
appliquant son concept de représentations potentielle,
le neurobiologiste américain espère lui lier le
cognitif et l'affectif au sein d'une seule théorie :
« l'émotion résulte de la combinaison de
processus d'évaluation mentale, simples ou complexes,
avec des réponses à ces processus, issues de
représentations potentielles. Ces réponses
s'effectuent principalement au niveau du corps proprement dit,
se traduisant par tel ou tel état émotionnel du
corps, mais elles peuvent aussi s'effectuer au niveau du
cerveau lui-même (neurone modulateur du tronc
cérébral), ce qui conduit à des
changements mentaux supplémentaires »
[115]. Le corps
serait donc cet intermédiaire privilégié
dont la relation avec l'environnement affectif faciliterait
l'incorporation des émotions. Cette théorie
retient la spécificité des mécanismes
neuraux mais voudrait situer l'importance du corps comme
principe régulateur de l'activité neurochimique
du cerveau. Le corps fournirait au sujet des états
psychologiques suffisamment intenses pour les lui faire
ressentir par la perception. Le corps lancerait des signaux au
système neural dont la force de déclenchement
induirait des décharges nerveuses. Il s'agit bien de
reconnaître une perception corporelle des
émotions, mais le corps émotif est-il la cause ou
l'effet du système neural ?
En affirmant que sans le corps il n'y aurait pas de
représentation mentale, A.R. Damasio refuse
l'hypothèse de l'indépendance du cerveau. Le
cerveau ne peut penser sans le corps sauf à convenir de
sa réduction computationnelle. Le corps lui-même
n'est pas pure passivité au service du
déroulement programmé. Or le jeu alternatif de
l'action sur l'environnement et de la réception de ses
signaux place le corps dans la donation de sens : « le
corps fournit au cerveau davantage que ses moyens d'existence
et que la modulation de ses activités. Il fournit un
contenu faisant intégralement partie du fonctionnement
mental normal »
[116]. On pourrait désigner ce type
de matérialisme du corps, pour autant que le
neurobiologiste ne veuille pas entièrement se
résoudre à adopter un point de vue
phénoménologique, le nom de matérialisme
sémantique car il accorde à l'unité
somato-psychique la production de signification autonome.
Conclusion
La philosophie du corps dans la cognition
doit donc se séparer d'une philosophie de l'esprit par
trop cognitiviste. La philosophie analytique pourrait
s'appliquer aux contenus sensibles dès lors que les
propriétés plutôt que les
énoncés pourraient être l'objet d'une
connaissance directe et non inférentielle. Pour autant
il reste beaucoup à décrire, une fois
opérer le renversement épistémologique de
la raison en émotion et action, pour parvenir à
modéliser les liens incarnés et vécus par
le corps pensant.
Bibliographie
- Daniel Andler, 2002, Processus
cognitifs, D. Andler, A. Fagot-Largeault, B. Saint-Sernin,
Philosophie des sciences I., Paris, Folio Essais, p.
226-408.
- Bernard Andrieu, 1991, Intelligence Artificielle : la
tentation des sciences sociales. Des neurosciences sociales ? ,
Technologie Idéologies Pratiques TIP, Sciences
sociales et Intelligence artificielle, Université de
Provence, vol. X., n°2-4, p. 223-237.
- B. Andrieu, 1996, Wittgenstein et la grammaire du
cerveau,Philosophie, n° 49, p. 50-67.
- B. Andrieu, 1998, La neurophilosophie, Paris, P.U.F.
coll. Que-sais-je, n°3373.
- B. Andrieu, 1999, Les théories matérialistes de
l'esprit dans les neurosciences, Ed. Gilbert Hottois,
Jean-Noël Missa, Annales de l'Institut de
Philosophie de Philosophie de Bruxelles,
« Matière pensante. Etudes historiques sur les
conceptions matérialistes en philosophie de
l'esprit », Paris, Vrin, p. 119-149.
- B. Andrieu, 2000, « Du cerveau à l'esprit en
psychopathologie cognitive », M. Musiol, A. Trognon ed.,
Eléments de psychopathologie cognitive. Le discours
du schizophrène, Paris, Armand Colin, Coll.U.,
Série psychologique, p. 50-61.
- B. Andrieu, 2000, Le cerveau. Essai sur le corps
pensant, Paris, Hatier.
- B. Andrieu Ed., 2002, L'invention du cerveau, Press
Pocket.
- B. Andrieu, 2002, La chair du cerveau.
Phénoménologie et biologie de la cognition,
Ed. Sils Maria
- B. Andrieu, 2003, Le laboratoire du cerveau psychologique.
Histoire et Modèles, Paris, Ed. CNRS.
- B. Andrieu, 2003, Le somaphore. Etre son corps,
Liège, Ed. Sils Maria
- D.M. Armstrong, 1961, Perception and the Physical
World, Routledge and Kegan Paul.
- D.M. Armstrong, 1968, A Materialist Theory of the
Mind, Routledge and Kegan..
- D.M. Armstrong, 1981, The Nature of Mind and Other
Essay, Cornell University Press. Reprinted, dans William G.
Lycan, Mind and Cognition, A Reader, Basil Blackwell, 1990, p.
37-46.
- Renaud Barbaras, 1998, Le tournant de l'expérience.
Recherches sur la philosophie de Merleau-Ponty, Paris,
Vrin.
- W. Bechtel, A. Abrahamsen, [1991], Le connexionisme et
l'esprit. Introduction au traitement parallèle par
réseaux, trad. 1993, Paris, Ed. de la
découverte.
- Alain Berthoz, 2003, La décision, Paris, O.
Jacob.
- Elie Bienenstock, 1991, Visual pattern processing using a
neural -network-based approach, dans Georges Vignaux ed.,Les
sciences cognitives en débat, Paris, CNRS, pp.
301-315.
- Michel Bitbol, 2000, Physique et Philosophie de
l'esprit, Paris, Flammarion.
- Ned Block [1978], Le fonctionnalisme face au problème
des qualia, trad. fr., JM. Roy ed., La théorie
computationnelle de l'esprit, Les Etudes Philosophiques,
Paris, P.U.F., n°3/1992, p. 337-370.
- C.D. Broad, 1923, The mind and its place in the
nature, London, Ed.Lund Humphries.
- Rudolf Carnap, [1928], La construction logique du
monde, trad.Thierry Rivain, Elisabeth Schwartz, Paris,
Vrin, 2002.
- J.P. Changeux, L'Homme neuronal, Paris, Fayard, 1983.
- Jean-Pierre Changeux, Alain Connes, 1989, Matière
à pensée, Paris, O.Jacob.
- P.S. Churchland, 1986, La neurophilosophie. Trad. M. Siksou
ed., Paris, P.U.F, 1999.
- P.S. Churchland, 2002, Brain-Wise. Studies in
Neurophilosophy, MIT Press
- Patricia S. Churchland, Terrence J. Sejnowski, 1992,
Computational Brain, MIT Press
- Paul M. Churchland, 1989, A Neurocomputational
Perspective. The Nature of the Mind and the Structure of
Science, MIT Press, chap.5
- P.M. Churchland, [1995], Le cerveau, Moteur de la raison,
siège de l'âme, Ed. de Boeck, 2001.
- Muriel Combes, 1999, Simondon. Individu et
collectivité. Pour une philosophie du
transindividuel, Paris, P.U.F.
- Antonio R. Damasio,1994, L'erreur de Descartes. La raison
des émotions, Paris, O.Jacob, trad.
franç.Marcel Blanc, 1995.
- A.R. Damasio, 1999, Le sentiment même de soi. Corps,
émotions, Conscience, trad. Claire Larsonneur et
Claudine Tiercelin, Paris, O.Jacob.
- A.R. Damasio, 2003, Looking for Spinoza. Joy, Sorrow and
the Human Brain, Ed. Harcourt.
- D. Davidson, [1980], Actions et Evénements,
Paris, P.U.F., trad. P. Engel, 1983.
- Jean Delacour, 1995, Le cerveau et l'esprit, Paris,
P.U.F.
- J. Delacour, 2001, Conscience et cerveau. La nouvelle
frontière des neurosciences, Ed. De Boeck
Université.
- Daniel Dennett, [1969], Content and Consciousness,
Routledge, 1986.
- D. Dennett, [1991], La conscience expliquée,
trad. Pascal Engel, Paris, O. Jacob, 1993.
- Natalie Depraz, 2001, Des psychologies à la
philosophie de l'esprit, La conscience. Approches
croisées aux sciences cognitives, Paris, Armand
Colin.
- Vincent Descombes, 1995, L'esprit mécanique, La
denrée mentale, Paris, Minuit.
- J. Dokik, 2000, Philosophie de l'esprit, dans P.Engel ed.,
Précis de philosophie analytique, Paris, P.U.F.,
p. 35-62.
- Michel Dupuis, 2001, L'esprit sous-cortical, dans J.-N. Missa
ed., Philosophie de l'esprit et sciences du cerveau,
Paris, Vrin, p. 71-80.
- Pascal Engel, 1992, Etats d'esprit. Questions de
philosophie de l'esprit, Aix en Provence, Ed.
Alinéa.
- P. Engel, 1994, Introduction à la philosophie de
l'esprit, Paris, Ed. La découverte.
- F. Eustache, M. Wolf Ed., 2002, Trouble neurologique,
Conflit psychique, Monographies de Psychopathologie, Paris,
P.U.F.
- Jerry Fodor, 1975, The language of thought,
HarvardUniversity Press.
- J. Fodor, 1981, Representations : Philosophical essays on
the foundations of cognitive science, Ed. The Harvester
Press.
- J. Fodor, [1983], La modularité de l'esprit. Essai
sur la psychologie des facultés, trad. Abel
Gerschenfeld, Paris, Minuit.
- J. Fodor, 2000, The Mind Doesn't Work That Way. The Scope
and Limits of Computational Psychology, MIT Press
- J. Fodor, Z.W. Pylyshyn, [1988], Connexionnisme et
architecture cognitive, analyse critique, trad. Bruno Vivicorsi
et Rémi Clignet, Bulletin de Psychologie, tome 55
(7), 457, Janvier-févr. 2002, p. 9-50
- Denis Fisette, Pierre Poirier, 2000, Une longue tradition,
une courte histoire, Philosophie de l'esprit. Etat des
lieux, Paris, Vrin.
- M.S. Gazzaniga, Richard B. Ivry, Georges R. Mangoun, [1998],
Neurosciences cognitives. La biologie de l'esprit, trad.
2001, De Boeck Université.
- Jacques Hochmann, Marc Jeannerod, 1991, Esprit, où
es-tu ? Psychanalyse et neurosciences, Paris,
O.Jacob.
- O. Houdé, D. Kayser, O. Kœnig, J.Proust, F.
Rastier, 1998, Vocabulaire de sciences cognitives.
Neuroscience, psychologie, intelligence artificielle et
philosophie, Paris, P.U.F.
- Olivier Houdé, Bernard Mazoyer, Nathalie
Tzourio-Mazoyer, 2002, Cerveau et psychologie. Introduction
à l'imagerie cérébrale anatomique et
fonctionnelle, Paris, P.U.F.
- Marc Jeannerod, 2002, La Nature de l'esprit, Paris, O.
Jacob.
- M. Jeannerod, 2002, Le cerveau intime, Paris, O.
Jacob.
- Marc Jeannerod, Henry Hecaen, Adaptation et restauration
des fonctions nerveuses, Villeurbanne, Simep, 1979.
- J.F. Jodouin, 1990, Les modèles connexionnistes,
Intellecta, Paris, n° 9-10, pp. 9-39.
- J. Ioteyko, 1920, La fatigue, Paris, Flammarion,
Bibliothèque de Philosophie Scientifique.
- P. Karli, 1995, Le cerveau et la liberté,
Paris, O. Jacob.
- Patricia Kitcher, 1996, From Neurophilosophy to
Neurocomputation : Searching the Cognitive Forest, dans R. N.
McCauley ed., The Churchlands and theirs critics,
Blakwell, p.48-85
- Saul Kripke, [1972], La logique des noms propres,
Paris, Ed. de Minuit, 1982.
- Daniel Laurier, 2002, L'Esprit et la nature, Les
Presses de l'Université de Montréal.
- Michel Lefeuvre, 1997, Les échelons de
l'être. De la molécule à l'esprit,
Paris, L'Harmattan.
- Pierre Livet, 2002, Article « Philosophie de
l'esprit », dans Guy Tiberghien eds, Dictionnaire des
sciences cognitives, Paris, Armand Colin,p. 211-213.
- William G. Lycan, Ed., 1990, Mind andCognition. A
reader, Basil Blackwell.
- William Lyons, Ed., 1995, Modern Philosophy of Mind,
The Everyman Library.
- David Marr, 1982, Vision, : a Computational
Investigation into the Human Representation and Processing of
Visual Information, San Francisco, Freeman.
- Jean-Noël Missa, L'esprit-cerveau. La philosophie de
l'esprit à la lumière des neurosciences,
Paris, Vrin.
- Michel Morange, La part des gènes, Paris, O.
Jacob, 1998.
- Thomas Nagel, [1974], Questions mortelles [1979],
trad. P. Engel et C. Engel Tiercelin, Paris, P.U.F.
- T. Nagel, [1987], Qu'est-ce que tout cela veut dire ?,
1993, trad. Ruwen Ogien, Paris, Ed. de L'éclat.
- John von Neumann, [1956], L'ordinateur et le cerveau,
trad. P. Engel, Paris, Ed. La découverte, 1992.
- Elisabeth Pacherie, 1993, Naturaliser
l'intentionnalité. Essai de philosophie de la
psychologie, Paris, P.U.F.
- Aline Pélissier, Alain Tête, 1995, Sciences
cognitives. Textes fondateurs (1943-1950), Paris,
P.U.F.
- Jean Petitot, Francisco J. Varela, Bernard Pachoud,
Jean-Michel Roy, [1999], Naturaliser la
phénoménologie, trad. franc, Ed. CNRS,
2002.
- André Pichot, 1991, Petite
phénoménologie de la connaissance, Paris,
Aubier.
- Mikael Posner M., 2002, Les neurosciences cognitives,
Synthèse de l'esprit et du cerveau, dans E. Dupoux ed.,
Les langages du cerveau, Paris, O.Jacob, p.
401-414.
- M. Posner M., Pea, Volpe, 1982, Cognitive neuroscience :
Developments toward a science of synthesis, dans J. Melher, E.
Walker & M. Garett (Eds), Perspectives on mental
representations, Hillsdale, NJ Erlbaum, p. 251-275
- Alain Prochiantz, 1997, Les anatomies de la
pensée, A quoi pensent les calamars ?, Paris,
O. Jacob.
- V.S. Ramachandran, [2000], Le fantôme
intérieur, trad. Michèle Garène,
Paris, O. Jacob, 2002.
- Marc Renneville, 2000, Le langage des crânes,
Une histoire de la phrénologie, Paris, coll. Les
Empêcheurs de penser en rond.
- Marc Richir, 1990, Le problème de l'incarnation en
phénoménologie, M.-P. Haroche ed., L'âme
et le corps. Philosophie et psychiatrie, Paris, Plon, p.
163-184.
- A.D. Ritchie, 1936, The Natural History of Mind,
Longmans, Green and Co.
- Israel Rosenfeld, [1992], Une anatomie de la
conscience, trad. Oristelle Bonis, Paris, Flammarion.
- David M. Rosenthal, ed., 1991, The Nature of the Mind,
Oxford University Press.
- Jean-Michel Roy J.M., 2001, L'émergence de la
neuroscience cognitive, Cahiers Alfred Binet, Ed. B.
Andrieu, L'Histoire du cerveau, Juin, n°667, p.
9-33.
- Bertrand Russell [1913], Théorie de la
connaissance, Paris, Vrin, 2002, trad. Jean-Michel
Roy.
- B. Russell [1921], Analyse de l'esprit, Paris, Payot,
1926, trad. M. Lefebvre.
- B. Russell, 1927, The Analysis of Matter, London, Ed.
P. Kegan.
- B. Russell [1948], La connaissance humaine. Sa
portée et ses limites, Paris, Vrin, 2002, trad. N.
Lavand.
- John R. Searle, [1983], L'intentionalité. Essai de
philosophie des états mentaux, trad. Claude
Pichevin, Paris, Minuit, 1985.
- J. R. Searle, [1984], Du cerveau au savoir, trad.
Catherine Chaleyssin, Paris, Hermann, 1985.
- J. R. Searle, [1992], La redécouverte de
l'esprit, trad. Claudine Tiercelin, Paris, Gallimard.
- J. R. Searle, [1997], Le mystère de la
conscience, Paris, O. Jacob., trad. C. Tiercelin,
1999.
- Wilfrid Sellars[1956], Empirisme et philosophie de
l'esprit, trad. Fabien Cayla, Ed. de l'Eclat, 1992.
- Stuart F. Spicker ed., 1970, The philosophy of the body.
Rejections of cartesians dualism, Chicago, Quadrangle
Books.
- F. J. Varela ed., [1997], Dormir, rêver, mourir.
Explorer la conscience avec le Dalaï-Lama, Paris,
1998.
- Francisco Varela, Evan Thompson Eleanor Rosch, 1993,
L'inscription corporelle de l'esprit, Paris, Le
Seuil.
- Georges Vignaux, 1992, Les sciences cognitives, une
introduction Paris, La découverte.
- Jean-Didier Vincent, 1986, La biologie des passions,
Paris, O. Jacob.
- Ludwig Wittgenstein, Blue book,[1933-1934], Le
Cahier Bleu, trad.Guy Durand, Paris, Gallimard, coll.
“Tel”.
[1] David M.
Rosenthal, ed., 1991,
The Nature of the Mind, Oxford
University Press.
[2] Alain
Berthoz a su republier les
leçons sur le corps, le
cerveau et l'esprit ( Paris, O. Jacob, 1999) pour montrer
les racines de la cognition au Collège de
France.
[3] Denis
Fisette, Pierre Poirier, 2000, Une longue tradition, une courte
histoire,
Philosophie de l'esprit. Etat des lieux,
Paris, Vrin, p. 11-32.
[4] Natalie
Depraz, 2001, Des psychologies à la philosophie de
l'esprit,
La conscience. Approches croisées aux
sciences cognitives, Paris, Armand Colin, chap. 13.
[5] J.
Dokik, 2000, Philosophie de l'esprit, dans P.Engel ed.,
Précis de philosophie analytique, Paris, P.U.F.,
p. 35-62, ici p. 32.
[6] B.
Andrieu, 2000, « Du cerveau à l'esprit en
psychopathologie cognitive », M. Musiol, A. Trognon ed.,
Eléments de psychopathologie cognitive. Le discours
du schizophrène, Paris, Armand Colin, Coll.U.,
Série psychologique, p. 50-61.
[7] E.
Pacherie, 1993,
Naturaliser l'intentionalité. Essai
de philosophie de la psychologie, Paris, P.U.F, p.
XII.
[8] Pierre
Livet, 2002, Article « Philosophie de l'esprit »,
dans Guy Tiberghien eds
, Dictionnaire des sciences
cognitives, Paris, Armand Colin,p. 211-213.
[9] D.
Andler, 2002, Processus cognitifs, D. Andler, A.
Fagot-Largeault, B. Saint-Sernin,
Philosophie des
sciences I., Paris, Folio Essais, p. 226-408.
[10] A.D.
Ritchie, 1936,
The Natural History of Mind, Longmans,
Green and Co, p. 1 : « En fait il est important
d'éviter deux sortes d'erreurs, d'un côté
le dualisme traditionnel du corps et de l'esprit comme une
distinction substantielle et d'un autre côté le
monisme grossier qui guide aussi bien le matérialisme ou
le mentalisme »(notre trad.)
[11] Jean
Delacour, 2001, Le problème des qualia, dans
Conscience et cerveau. La nouvelle frontière des
neurosciences, Ed. De Boeck Université,
chap.2.
[12] Ned
Block [1978], Le fonctionnalisme face au problème des
qualia, trad. fr., JM. Roy ed., La théorie
computationnelle de l'esprit,
Les Etudes Philosophiques,
Paris, P.U.F., n°3/1992, p. 337-370.
[13]
Bertrand Russell [1948], La science de l'esprit, dans
La
connaissance humaine. Sa portée et ses limites,
Paris, Vrin, 2002, trad. N. Lavand, chap.VI, voir en
particulier p. 85-90.
[14]
Bertrand Russell [1913], Le monisme neutre, dans
Théorie de la connaissance, Paris, Vrin, 2002,
trad. Jean-Michel Roy, chap. II, p. 27.
[15]
Bertrand Russell [1921], Sensations et images, dans
Analyse
de l'esprit, Paris, Payot, 1926, trad. M. Lefebvre, chap.
VIII, p. 143.
[16]
Bertrand Russell, 1927, Physics and neutral monism, dans
The
Analysis of Matter, London, Ed. P. Kegan, chap.XXVII, p.
391.
[17] B.
Andrieu, 1999, Les théories matérialistes de
l'esprit dans les neurosciences, Ed. Gilbert Hottois,
Jean-Noël Missa,
Annales de l'Institut de
Philosophie de Philosophie de Bruxelles,
« Matière pensante. Etudes historiques sur les
conceptions matérialistes en philosophie de
l'esprit », Paris, Vrin, 1999, p. 119-149.
[18] D.M.
Armstrong, 1961, The Nature of Perception, dans
Perception
and the Physical World, Routledge and Kegan Paul, p. 131
(notre trad).
[19] D.M.
Armstrong, 1968, Bodily sensations,
A Materialist Theory of
the Mind, Routledge and Kegan, chap. 14, p. 307.
[20] D.M.
Armstrong, 1981, The Causal Theory of the Mind, dans
The
Nature of Mind and Other Essay, Cornell University Press.
Reprinted, dans William G. Lycan, Mind and Cognition, A Reader,
Basil Blackwell, 1990, p. 37-46.
[21]
Jean-Pierre Changeux, Alain Connes, 1989, Les machines à
penser, dans
Matière à pensée,
Paris, O.Jacob, chap.VI.
[22] J.P.
Changeux, Le cerveau, représentation du monde, dans
L'Homme neuronal, Paris, Fayard, 1983 :
“Désormais, à quoi bon parler
d'“Esprit” ? Il n'y a plus que deux
“aspects” d'un seul et même
événement », coll. Pluriel, p. 334.
[23]
Alain Prochiantz, 1997, Introduction dans
Les anatomies de
la pensée,
A quoi pensent les calamars ?,
Paris, O. Jacob, p.10.
[24] B.
Andrieu, 1998, Le fonctionnalisme contre la neurophilosophie,
dans
La neurophilosophie, Paris, P.U.F. coll.
Que-sais-je, n°3373, p. 100-110.
[25]
Jerry Fodor, 1975,
The language of thought,
HarvardUniversity Press, p. 52.
[26]
Pascal Engel, 1992, Causes mentales, dans
Etats d'esprit.
Questions de philosophie de l'esprit, Aix en Provence, Ed.
Alinéa, p. 33.
[27]
Jerry Fodor, 1981,
Representations : Philosophical essays on
the foundations of cognitive science, Ed. The Harvester
Press, p. 98-99.
[28]
Jerry Fodor, [1983],
La modularité de l'esprit. Essai
sur la psychologie des facultés, trad. Abel
Gerschenfeld, Paris, Minuit, p. 67.
[29]
Op. cit., p. 156.
[30]
Vincent Descombes, 1995, L'esprit mécanique,
La
denrée mentale, Paris, Minuit, p. 224-257.
[31] J.
Fodor, [2000],
L'esprit, ça ne marche pas comme
ça,
Portée et limites de la psychologie
computationnelle, trad. C. Tiercelin, Paris, O.Jacob, 2003,
p. 95.
[32]
Daniel Dennett, [1969], The ontological problem of the mind,
dans
Content and Consciousness, Routledge, 1986, p.
18.
[33]
Pascal Engel, 1994, Théories de l'interprétation
et théorie de l'esprit,
Introduction à la
philosophie de l'esprit, Paris, Ed. La découverte,
p. 71-92. Et p. 192-209.
[34] D.
Dennett, [1991], Les Versions Multiples contre le
Théâtre Cartésien, dans
La conscience
expliquée, trad. Pascal Engel, Paris, O. Jacob,
1993, p. 135-178.
[35] B.
Andrieu, Stefan Leclerq, 2003,
La mobilogie. De
l'épistémologie à l'ontologie,
Liège, Ed. Sils Maria.
[36]
The Oxford Companion of Mind, dirigé par Richard
L. Gregory, Oxford University Press 1987 a été
traduit sous le titre
le cerveau, un inconnu. Dictionnaire
encyclopédique, Paris, Robert Laffont, 1993
.
[37] B.
Andrieu, 1996, Wittgenstein et la grammaire du cerveau,
Philosophie, n° 49, p. 50-67.
[38]
Ludwig Wittgenstein,
Blue book,[1933-1934],
Le Cahier
Bleu, trad.Guy Durand, Paris, Gallimard, coll.
“Tel”, 1965, p. 54, [p. 7]. L. Wittgenstein
développe ce thème de l'analogie entre le
physique et le mental dans
Le Cahier brun, [1934-1935],
trad. G. Durand,
op. cit., pp. 244-250.
[39]
Michel Dupuis, 2001, L'esprit sous-cortical, dans J.-N. Missa
ed.,
Philosophie de l'esprit et sciences du cerveau,
Paris, Vrin, p. 71-80.
[40]
Jean-Noël Missa,
L'esprit-cerveau. La philosophie de
l'esprit à la lumière des neurosciences,
Paris, Vrin, p.18-19.
[41] John
R. Searle, [1983],
L'intentionalité. Essai de
philosophie des états mentaux, trad. Claude
Pichevin, Paris, Minuit, 1985, p. 313.
[42]
Op. cit., p. 11.
[43]
Op.cit., p. 320.
[44] J.R.
Searle, [1984], La relation corps-esprit,
Du cerveau au
savoir, trad. Catherine Chaleyssin, Paris, Hermann, 1985,
p.15.
[45]
Op.cit., p. 32.
[46]
Op. cit., p. 34.
[47]
Op. cit., p. 89.
[48] J.R.
Searle, [1992],
La redécouverte de l'esprit,
trad. Claudine Tiercelin, Paris, Gallimard, p. 305.
[49]
Israel Rosenfeld, [1992], La conscience, activité
principale du cerveau,
Une anatomie de la conscience,
trad. Oristelle Bonis, Paris, Flammarion, p. 13-48.
[50] J.R.
Searle, [1997], Israel Rosenfield, L'image du corps et le moi,
Le mystère de la conscience, trad. C. Tiercelin,
1999, p. 193.
[51]
Stuart F. Spicker ed., 1970,
The philosophy of the body.
Rejections of cartesians dualism, Chicago, Quadrangle
Books.
[52]
Michel Bitbol, 2000,
Physique et Philosophie de
l'esprit, Paris, Flammarion, p. 330-331.
[53] C.D.
Broad, 1923, The traditional problem of body and mind, dans
The mind and its place in the nature, London, Ed.Lund
Humphries, p. 558.
[54]
Jacques Hochmann, Marc Jeannerod, 1991,
Esprit, où
es-tu ? Psychanalyse et neurosciences, Paris, O.Jacob,
Chap. 1 et chap.2.
[55]
Rudolf Carnap, [1928],
La construction logique du monde,
trad.Thierry Rivain, Elisabeth Schwartz, Paris, Vrin, 2002, p.
275-276.
[56]
W.V.O. Quine, [1951] Les deux dogmes de l'empirisme, dans
PierreJacob ed., 1980,
De Vienne à Cambridge.
.L'héritage du positivisme logique de1950 à nos
jours, Paris, Gallimard, p. 87-112.
[57] Voir
sur ce point l'analyse d'Elisabeth Pacherie
Naturaliser
l'intentionnalité,Paris,P.U.F, 1993, p. 58-61.
[58]
Thomas Nagel, [1974], Quel effet cela fait d'être une
chauve-souris,
Questions mortelles [1979], trad. P.
Engel et C. Engel Tiercelin, Paris, P.U.F.
[59] Saul
Kripke, [1972],
La logique des noms propres, Paris, Ed.
de Minuit, 1982, p. 141.
[60]
Thomas Nagel, [1987], Le problème corps-esprit,
Qu'est-ce que tout cela veut dire ?, 1993, trad. Ruwen
Ogien, Paris, Ed. de L'éclat, p. 34.
[61]
Wilfrid Sellars[1956],
Empirisme et philosophie de
l'esprit, trad. Fabien Cayla, Ed. de l'Eclat, 1992.
[62] J.
Proust, 1998, Article Esprit, dans O.Houdé, D. Kayser,
O. Kœnig, J.Proust, F. Rastier,
Vocabulaire de
sciences cognitives. Neuroscience, psychologie, intelligence
artificielle et philosophie, Paris, P.U.F., p.
169-170.
[63] P.M.
Churchland, [1995],
Le cerveau, Moteur de la raison,
siège de l'âme, Ed. de Boeck, 2001.
[64]
Olivier Houdé, Bernard Mazoyer, Nathalie
Tzourio-Mazoyer, La naissance d'une nouvelle discipline :
l'imagerie cérébrale fonctionnelle,
Cerveau et
psychologie. Introduction à l'imagerie
cérébrale anatomique et fonctionnelle, Paris,
P.U.F., 2002, p. 1.
[65] Marc
Jeannerod,
La Nature de l'esprit, Paris, O. Jacob, 2002,
p. 29.
[66]
Serge Nicolas,
Histoire de la psychologie française.
Naissance d'une nouvelle science, Ed. In Press, 2002.
[67]
Posner M., Pea, Volpe, 1982, Cognitive neuroscience :
Developments toward a science of synthesis, dans J. Melher, E.
Walker & M. Garett (Eds),
Perspectives on mental
representations, Hillsdale, NJ Erlbaum, p. 251-275
[68]
Mikael Posner M., 2002, Les neurosciences cognitives,
Synthèse de l'esprit et du cerveau, dans E. Dupoux ed.,
Les langages du cerveau, Paris, O.Jacob, p.
401-414.
[69]
terme inventé fin des années1970 par Mickael S.
Gazzaniga qui se rendait en compagnie de Georges A. Miller dans
un taxi new-yorkais à un dîner de travail
réunissant des chercheurs de la Rockfeller University et
de Cornell University, cf « Brève histoire des
neurosciences cognitives », dans M.S. Gazzaniga, Richard
B. Ivry, Georges R. Mangoun, [1998],
Neurosciences
cognitives. La biologie de l'esprit, trad. 2001, De Boeck
Université, p. 1-23. Le terme de sciences cognitives
aurait été inventé selon Georges A. Miller
le 11 septembre 1956.
[70] Roy
J.M., 2001, L'émergence de la neuroscience cognitive,
Cahiers Alfred Binet, Ed. B. Andrieu
, L'Histoire du
cerveau, Juin, n°667, p. 9-33.
[71]
Aline Pélissier, Alain Tête, 1995,
Sciences
cognitives. Textes fondateurs (1943-1950), Paris, P.U.F.,
p.XI-XXIV.
[72] John
von Neumann, [1956],
L'ordinateur et le cerveau, trad.
P. Engel, Paris, Ed. La découverte, 1992.
[73] W.
Bechtel, A. Abrahamsen, [1991],
Le connexionisme et
l'esprit. Introduction au traitement parallèle par
réseaux, trad. 1993, Paris, Ed. de la
découverte, p. 272-322.
[74] B
Andrieu, 1991, « Intelligence Artificielle : la tentation
des sciences sociales. Des neurosciences sociales ? »,
Technologie Idéologies Pratiques TIP, Sciences
sociales et Intelligence artificielle, Université de
Provence, vol. X., n°2-4, p. 223-237.
[75]
Patricia Kitcher, 1996, « From Neurophilosophy to
Neurocomputation : Searching the Cognitive Forest », dans
R. N. McCauley ed.,
The Churchlands and theirs critics,
Blakwell, p.48-85.
[76]
Jodouin J.F., « Les modèles
connexionnistes »,
Intellecta, Paris, n°
9-10, 1990, pp. 9-39.
[77]
Bienenstock(Elie), « Visual pattern processing using a
neural -network-based approach », dans Georges Vignaux
ed.,
Les sciences cognitives en débat, Paris,
CNRS, 1991, pp. 301-315.
[78]
David Marr, 1982,
Vision,
: a Computational
Investigation into the Human Representation and Processing of
Visual Information, San Francisco, Freeman.
[79]
Georges Vignaux, 1992,
Les sciences cognitives, une
introduction Paris, La découverte, p. 172.
[80] Paul
M. Churchland, 1989, Some Reductive Startégies in
Cognitive Neurobiology,
A Neurocomputational Perspective.
The Nature of the Mind and the Structure of Science, MIT
Press, chap.5.
[81] Jean
Bullier, Paul Salin et Pascal Girard, 1992, Le cerveau en temps
réel ,
La Recherche, 246, sept. , vol. 23, p. 977
et p. 980.
[82]
Francisco Varela et Evan Thompson, « Color Vision : a
case study in the foundations of cognitive science »,
Revue de Synthèse, IVe S. Nos 1-2, Janvier-juin
1990, pp. 129-138 ; repris dans leur livre
L'inscription
corporelle de l'esprit, chap. 8, notamment
« l'auto-organisation revisitée : l'exemple de la
couleur », Paris, Le Seuil, 1993.
[83]
Semir Zeki, 1992, Les images visuelles,
Pour la science,
n° 181, nov., p. 64.
[84]
Patricia S. Churchland, Terrence J. Sejnowski, 1992,
Representing in the brain : What can we learn from the visual
system ?,
Computational Brain, MIT Press, p.
157-162.
[85] P.S.
Churchland, 2002, How Do Brains Represent ?,
Brain-Wise.
Studies in Neurophilosophy, p.273-319.
[86] B.
Andrieu, 2003,
Le laboratoire du cerveau psychologique.
Histoire et Modèles, Paris, Ed. CNRS.
[87] J.
Ioteyko,
La fatigue, Paris, Flammarion,
Bibliothèque de Philosophie Scientifique, 1920.
[88]
Op. cit., p. 86.
[89] D.
Davidson, [1980], Actions et Evénements, Paris, P.U.F.,
trad. P. Engel, 1983. Cf P. Engel,
Introduction à la
philosophie de l'esprit, Paris, Ed. De la
découverte, 1994, Chap.1.
[90] J.A.
Fodor, Z.W. Pylyshyn, [1988], Connexionnisme et architecture
cognitive, analyse critique, trad. Bruno Vivicorsi et
Rémi Clignet,
Bulletin de Psychologie, tome 55
(7), 457, Janvier-févr. 2002, p. 9-50. ici p. 45.
[91] F.
Eustache, M. Wolf Ed., 2002,
Trouble neurologique, Conflit
psychique, Monographies de Psychopathologie, Paris, P.U.F.,
p. 7.
[92] B.
Andrieu, 2002,
La chair du cerveau.
Phénoménologie et biologie de la cognition,
Ed. Sils Maria.
[93] Marc
Jeannerod, Henry Hecaen,
Adaptation et restauration des
fonctions nerveuses, Villeurbanne, Simep, 1979.
[94]
Pierre Karli, « Le développement d'une
identité biologique multiple »,
Le cerveau et
la liberté, Paris, O. Jacob, 1995, p.55-88.
[95]
Michel Morange,
La part des gènes, Paris, O.
Jacob, 1998.
[96]
Renaud Barbaras, « De la phénoménologie du
corps à l'ontologie de la chair »,
Le tournant
de l'expérience. Recherches sur la philosophie de
Merleau-Ponty, Paris, Vrin, 1998, p. 95-136.
[97] Marc
Richir, « Le problème de l'incarnation en
phénoménologie », M.-P. Haroche ed.,
L'âme et le corps. Philosophie et psychiatrie,
Paris, Plon, 1990, p. 163-184.
[98]
F.J.Varela, E. Thompson, E. Rosch, [1991],
L'inscription
corporelle de l'esprit. Sciences cognitives et
expérience humaine, Paris, Le Seuil, 1993, p.
234.
[99]
Op. cit., p. 235.
[100]
F. J. Varela ed., [1997],
Dormir, rêver, mourir.
Explorer la conscience avec le Dalaï-Lama, Paris,
1998.
[101]
Muriel Combes, « La relation transindividuelle
”, Simondon. Individu et collectivité. Pour
une philosophie du transindividuel, Paris, P.U.F., 1999,
p.48.
[102]
André Pichot, 1991,
Petite
phénoménologie de la connaissance, Paris,
Aubier, p. 21.
[103]
Michel Lefeuvre, 1997,
Les échelons de l'être.
De la molécule à l'esprit, Paris,
L'Harmattan, p.127-176.
[104]
B. Andrieu, 2003,
Le somaphore. Naissance du sujet
biosubjectif, Liège, Ed. Sils Maria
[105]
A.R. Damasio, 1999,
Le sentiment même de soi. Corps,
émotions, Conscience, trad. Claire Larsonneur et
Claudine Tiercelin, Paris, O.Jacob, p. 149.
[106]
V.S. Ramachandran, [2000],
Le fantôme
intérieur, trad. Michèle Garène,
Paris, O. Jacob, 2002, p. 48.
[107]
Alain Berthoz, 2003,
La décision, Paris, O.
Jacob, p. 170.
[108]
Pour comprendre comment la physiologie de Descartes n'est pas
si mécanique, Denis Kambouchner, 1994,
L'Homme des
passions, tome 1, Paris, Albin Michel, chap. II,
L'explication physique, p.131-205. Notre présentation
des textes de Descartes, « Cerveau et glande
pinéale chez Descartes », dans B. Andrieu ed.,
2002
L'invention du cerveau, PressPocket,
n°233, p. 43-63.
[109]
Antonio R. Damasio,1994,
Descartes'Error. Emotion, Reason,
and the Human Brain, trad. franç.Marcel Blanc,
L'erreur de Descartes. La raison des émotions,
Paris, O.Jacob, 1995, p. 121-122.
[110]
Op. cit., p. 124.
[111]
Marc Renneville, 2000,
Le langage des crânes,
Une histoire de la phrénologie, Paris, coll. Les
Empêcheurs de penser en rond, p. 23-76. « De la
phrénologie », dans B. Andrieu ed., 2002,
L'Invention du cerveau, Press Pocket n°233,
p.77-110.
[114]
Jean-Didier Vincent, 1986,
La biologie des passions,
Paris, O. Jacob.
