
Luiz Eduardo Prado de Oliveira
L'archaïque dans mon expérience
Propos
sur les hallucinations suivis
d’un exemple
clinique
(Deuxième
conférence au séminaire
de l’Ecole Doctorale
« Recherches en Psychanalyse »)
Je
commence par une citation de Baudelaire, tirée des
Paradis artificiels, de 1860 :
« Les hallucinations
commencent. Les objets extérieurs prennent des apparences
monstrueuses. Ils se révèlent à vous sous des formes
inconnues jusque-là. Puis ils se déforment, se transforment, et
enfin ils entrent dans votre être, ou bien vous entrez en eux. Les
équivoques les plus singulières, les transpositions d'idées
les plus inexplicables ont lieu. Les sons ont une couleur, les couleurs ont une
musique. Les notes musicales sont des nombres... »
La
révolution que Freud apporte à la
psychiatrie
Pendant longtemps, les psychiatres ont
considéré l’hallucination comme « perception sans
objet ». Cette formule, de Benjamin Ball, en 1853, retient
exclusivement le caractère sensoriel de l’hallucination, qui serait
alors une sorte « d’erreur des sens ». Ceux qui
s’y opposèrent ont proposé que l’hallucination soit
considérée comme une « croyance
erronée » C’était faire la part belle au
caractère « intellectuel » de l’hallucination,
qui, de toute façon, comporte un caractère sensoriel important.
Henry Faure rappelle « qu’Esquirol, dans un mémoire
écrit en 1817, avait proposé la formule suivante :
« Un homme qui a la conviction intime d’une sensation
actuellement perçue, alors que nul objet extérieur propre à
exciter cette sensation n’est à portée de ses sens, est dans
un état d’hallucination. » Freud apporte une
révolution à ces définitions en liant l’hallucination
au rêve et au souvenir.
Les
premières lignes qu’il écrit à leur sujet,
apparaissent dans son travail avec Breuer,
Etudes sur l’hystérie. Ces
thèses sont un acquis constant pour la compréhension de cette
expérience. « Lorsque, en traitant des hystériques, nous
apprenons de leur bouche que, lors de chacun de leurs accès, ils ont la
vision hallucinatoire de l’incident qui a provoqué la
première attaque, nous apercevons nettement ici encore le rapport de
cause à effet [1]. » Voici la
première thèse : l’hallucination correspond à un
souvenir.Ce
texte est de 1893. Deux ans plus tard, dans son
Projet pour une Psychologie
Scientifique, Freud reprend l’équation entre les rêves
et les hallucinations déjà présente chez Kant, mais il y
ajoute deux éléments importants, non explicités par son
devancier : d’abord, rêves et hallucinations ont en commun
qu’ils attirent la conscience et qu’ils suscitent la croyance ;
ensuite, il y ajoute les conséquences de la distinction entre processus
primaire et processus secondaires de pensée : « ...nous
devons signaler que le souvenir primaire d’une perception est toujours une
hallucination et que seule l’inhibition par le moi nous apprend à
ne jamais investir de la sorte une image de la perception
[2]. »1896
est une année fertile pour les considérations freudiennes au sujet
de l’hallucination. En décrivant les symptômes
hystériques et leur étiologie, Freud écrit :
« Y appartiennent avant tout les si nombreuses et si variées
sensations et paresthésies au niveau des organes génitaux et
autres lieux du corps, qui, en une reproduction hallucinatoire, souvent aussi en
un renforcement douloureux, correspondent simplement au contenu sensitif des
scènes infantiles [3]. » Je
signale que « scènes infantiles » signifie ici
exclusivement les expériences sexuelles infantiles. Ce que Freud pointe
semble indiquer les nombreuses sensations physiques qui accompagnent les
hallucinations, ce qui, encore de nos jours est à la portée de
l’observation de chacun. Cependant, malgré tout, dans un texte de
la même époque, Freud ne semble pas lier ces sensations proprement
à l’hystérie, mais plutôt à la névrose
d’angoisse, à cause de la douleur qu’elles provoquent :
« A côté de cet accroissement de la sensibilité
à la douleur, j’ai observé dans nombre de cas de
névrose d’angoisse une tendance aux hallucinations, lesquelles ne
pouvaient pas être interprétées comme étant
hystériques [4] ». Il est vrai
que, dans ce même texte, en premier lieu, Freud a déjà
pointé une dizaine de symptômes comme étant propres à
la névrose d’angoisse, que, en deuxième lieu, tous ces
symptômes sont liés au tabagisme, à savoir, troubles de
l’activité cardiaque, troubles de la respiration, bouffées
de sueur, tremblements, boulimie, vertige locomoteur et ainsi de suite. Il est
vrai que je tiens la théorie de l’angoisse freudienne comme une
conséquence de ses troubles tabagiques. Par ailleurs, peut-être
a-t-il préféré voir dans le tabagisme une solution à
la névrose d’angoisse, plutôt qu’un symptôme
hystérique supplémentaire.Permettez-moi
de procéder à une citation un peu longue de Freud maintenant. Il
s’agît d’un cas clinique. La citation provient de
« Nouvelles remarques sur les psychonévroses de
défense » : « Depuis assez longtemps je nourris
le soupçon que la paranoïa est une psychose de défense,
c’est-à-dire que, comme l’hystérie et les obsessions,
elle provient du refoulement de souvenirs pénibles... Propre à la
paranoïa devrait être une voie ou un mécanisme particulier de
refoulement, de même que l’hystérie opère le
refoulement par la voie de la
conversion en innervation corporelle et
la névrose obsessionnelle par
substitution (au long de certaines
catégories associatives). »
Ce mécanisme propre
à la paranoïa sera la projection, qui apparaît ici comme
mécanisme de refoulement. Mais, la question peut déjà se
poser sur la facilité avec laquelle Freud passe de la psychose à
la névrose. La paranoïa, comme l’hystérie et la
névrose obsessionnelle, est une psychose de défense.
Freud
procède alors à un exposé de cas. Sa patiente
présente de nombreux symptômes paranoïaques : on
l’épie, on lui refuse toute considération, on est malpoli
avec elle, on devine ses pensées. Maintenant, ce qui nous
intéresse, au sujet de l’hallucination : « Un jour
déjà, au début de l’année, alors qu’elle
était seule avec sa femme de chambre, elle avait éprouvé
une sensation dans le bas ventre et avait alors pensé que la jeune fille
avait à ce moment une pensée inconvenante. Cette sensation devint
plus fréquente pendant l’été, presque continuelle,
elle ressentait ses organes sexuels “comme on ressent une main
lourde’’. Alors elle commença à voir des images qui la
remplissaient d’horreur, des hallucinations de nudités
féminines, en particulier un bas-ventre féminin nu avec sa
pilosité ; parfois aussi des organes génitaux masculins.
L’image du bas-ventre poilu et la sensation organique dans son propre
bas-ventre se produisaient généralement ensemble. Les images
devinent très tourmentantes, car elle les avait
régulièrement lorsqu’elle était en compagnie
d’une femme, et il s’y ajoutait l’interprétation
qu’elle voyait alors cette femme dans une nudité inconvenante, mais
qu’au même moment la femme avait d’elle la même image.
En même temps que ces hallucinations visuelles... des voix
commencèrent à l’importuner qu’elle ne reconnaissait
pas et ne pouvait s’expliquer. Lorsqu’elle était dans la rue
c’était : voilà Mme P. – elle s’en va.
Où va-t-elle ? On commentait chacun de ses mouvements et chacune de
ses actions, parfois elle entendait des menaces et des reproches
[5]. »Ce
cas est un cas de paranoïa. Pourtant, les symptômes qui
précèdent les hallucinations, l’engourdissement de la
région génitale de la patiente, par exemple, les symptômes
donné en exemple sont bien hystériques. L’emboîtement
des symptômes hystériques et des symptômes paranoïaques
sont assez fréquents, en effet, et même ceux-là
s’emboîtent à des symptômes obsessionnels, car
l’observation permanente et minutieuse à laquelle la patiente est
soumise correspond plutôt à cet ordre de
symptômes.
Jusqu’à ses derniers écrits, les
thèses de Freud ne changent pas. Il remarque comment les souvenirs
évoqués par les constructions en analyse peuvent être
qualifiés d’hallucinations, quand, à leur netteté
s’ajoute la croyance en leur actualité. Il poursuit :
« Mais l’analogie gagna de l’importance quand mon
attention fut attirée par la présence occasionnelle de
véritables hallucinations dans d’autres cas, des cas qui
n’étaient certainement pas psychotiques. Ainsi continuait mon
raisonnement : on n’a pas encore assez apprécié ce
caractère peut-être général de l’hallucination
d’être le retour d’un événement oublié de
toutes premières années, de quelque chose que l’enfant a vu
ou entendu à une époque où il savait à peine parler.
C’est ce qui s’impose maintenant à la conscience, mais
probablement de façon déformée et déplacée
par l’effet des forces qui s’opposent à un tel retour
[6]. » Et Freud poursuit, pour insister
sur la présence, aussi bien dans l’hallucination que dans le
délire, d’une
vérité historique,
quoique déplacée, déformée, malmenée de toute
manière. Et, dans un court texte de l’année suivante, qui
reprend l’articulation entre la psychose et l’état normal, il
relie le déplacement du pénis dont l’absence est
insupportable au petit garçon sur d’autres parties du corps –
et, pourquoi pas ? – sur d’autres parties du monde, à un
mécanisme hallucinatoire. Le caractère insupportable de
l’absence du pénis ou d’une menace contre cette partie du
corps devient la source dont jaillit toute hallucination
[7]. Il est vrai que Freud parle tantôt de
pénis et tantôt d’organes sexuels. Pour ma part, je crois
qu’il assimile les deux et n’a pas fait assez d’attention
à ce que l’organe sexuel féminin pouvait contenir comme
source de représentations psychiques, sauf en ce qu’il ne contient
pas en permanence un pénis, de toute évidence.
L’apport majeur de Tausk
C’est là que Tausk reprend la
théorie de l’hallucination, de manière magistrale. Il
apporte une contribution dont les fruits sont loin d’être pleinement
appréciés aujourd’hui. Par exemple,
tous les exemples cliniques que Freud
offre dans son texte sur l’inconscient en vue de
l’éclaircissement d’une supposée intimité entre
inconscient et schizophrénie proviennent en vérité de
Tausk. Ou, encore, le concept d’identification projective, doit
l’essentiel de sa richesse à Tausk et non pas à Melanie
Klein. Ce concept est pourtant essentiel à toute théorisation
kleinienne et post-kleinienne. Rosenfeld ou Bion s’en servent comme
d’un mot d’ordre. Je doute qu’il y ait un seul kleinien en
mesure de tracer son origine. Freud et Klein citent Tausk, mais de
manière marginale, comme pour se décharger d’un devoir, sans
le lire vraiment !
Difficile de trop insister l’importance de la
pensée de Tausk pour la compréhension des psychoses et, bien
entendu, pour la compréhension du fonctionnement psychotique des
névroses.
Voici ce que je lis dans Tausk et que je n’ai jamais
lu nulle part ailleurs, même si Tausk attribue ces idées à
Freud : l’intellect doit atteindre le stade de la
représentation des souvenirs. Ce
stade est relativement tardif et il est précédé par celui
des hallucinations des images mnésiques, donc par un stade où les
représentations surgissent réellement dans le monde
extérieur et ne sont pas reconnues comme des processus intérieurs.
Tausk décrit la bande de Mœbius. Et il conclue : «
Et ce stade de la fonction de représentation hallucinatoire , qui
représente déjà une sorte d’objectivation, de
trouvaille de l’objet et de choix de l’objectal, coïncide
également avec cette première période de la vie [8]. »
Il
convient de reconnaître dans les souvenirs leur caractère propre
des souvenirs et pas autre chose. Quand la machine à souvenirs
n’est pas prête, la machine à perceptions l’actualise
et cela apparaît comme hallucination, puisqu’il y a un
dérèglement des machines.
Freud ne me semble pas avoir
traité de la capacité à se souvenir comme l’une des
fonctions du moi. Il signale la capacité à être attentif,
mais pas il ne se réfère pas à celle de se souvenir
[9]. Je ne connais aucune autre manière de
s’approcher de la capacité de se souvenir que celle de Tausk.
Proust a une manière particulière de se souvenir, par le menu
détail. Joyce en a une autre, par les signifiants et les grands
ensembles. A la recherche du temps
perdu décrit une vie.
Ulysse ou
Finnegann’s Wake décrivent
quelques secondes, une journée tout au plus. La clinique quotidienne des
névrosés, des états limites, des pervers ou des
psychotiques présentent ces différentes manières de se
souvenir. Jusqu’à maintenant, après une trentaine
d’années de clinique, je ne saurai pas lier un critère
nosographique aux différentes manières de se souvenir, même
si le souvenir des rêves en particulier, ainsi que leur qualité,
fournissent des orientations assez précises.De l’appareil à souvenir,
Tausk passe à la description des phénomènes
psychopathologiques liés à
l’appareil à influencer.
L’halluciné est incapable de se souvenir. Ou bien : sa
manière de se souvenir est hallucinatoire. J’avance ceci :
l’appareil à se souvenir
constitue notre histoire en tant que récit. Là où le
souvenir s’épuise, se forme le mythe en tant qu’appareil
à influencer. Le mythe serait un souvenir perdu que les humains ont
essayé de récupérer en tant que souvenirs propres, dans la
croyance, d’abord de cette possibilité, ensuite dans la
réalité des mythes. Les mythes gardent depuis toujours leur
potentialité hallucinatoire. L’hallucination correspond à
une sorte de mythologie personnelle étrange.
Quelque chose a
changé (en moi). Voilà le premier stade, selon Tausk, de
l’origine de l’appareil à influencer : sentiment
d’altération provoqué par une stase libidinale au niveau
d’un organe. Quelque chose a changé en moi, mais pas tout à
fait en moi, pas au niveau de mon moi tel que je le comprends. L’organe
devient source principale des soucis du sujet. « Est-ce que mon
nez... ? Est-ce que mon poids... ? Est-ce que ma taille... ? Et,
évidemment, « Est-ce que mon cerveau... ? »
Le sentiment d’altération
d’un organe, ou du moi tout entier à cause de cet organe,
provoque la stase libidinale propre à l’hypochondrie. Moi = organe,
équation où la catachrèse s’impose au moi, le
réduisant à l’ombre d’une métonymie, alors que
sa existence en tant que tel, en tant que proprement moi, serait plutôt de
l’ordre de la métaphore.
Après la crise hypochondriaque
– et je veux ajouter que la clinique le montre largement, depuis la
description faite par Schreber de l’évolution de sa folie,
jusqu’à la clinique quotidienne des états amoureux, qui
montrent, au lendemain d’une rencontre amoureuse, une perte
d’appétit, ou une crise insomniaque, ou tout le contraire, -
après cette crise, un sentiment d’aliénation se
déclenche, où le sujet rejette l’organe supposé
malade, ou les organes ou tout son corps, qui devient corps de l’autre,
corps aimé en miroir de son propre corps. « Les amants
s’enlacent, l’un d’autre réfléchi. Deux amants,
qui sont-ils ? Deux ennemis ! » - chante le poète
brésilien, de Andrade.
Il y a ceci de remarquable dans la clinique
des états limites ou des états névrotiques : bien
avant la notion d’un sujet supposé savoir, le clinicien se
confronte à un sujet supposé malade. Le sujet supposé
savoir est toujours le sujet supposé malade, rarement seul à
savoir sur lui-même, pour autant qu’il vient consulter. Dans ce
processus, le sujet exclue une partie de son corps et, en ce faisant, il exclue
une partie de lui-même, liée à ce corps exclu, ainsi que
toute l’histoire liée à cet organe ou à ce
corps.
Aux sentiments d’altération d’un organe et
d’aliénation de soi-même, s’ensuit le sentiment de
persécution, issu de la projection des modifications pathologiques du
corps et de soi-même dans le monde extérieur.
Tausk
détaille l’origine de ces projections, qui procèdent, soit
en attribuant les origines des modifications à une puissance
étrangère et hostile, soit par la construction d’un
appareil à influencer, qui
réunit tous les organes du corps, ou certains d’entre eux, ou le
corps tout entier. Tausk souligne que « parmi ceux-ci les organes
génitaux peuvent occuper une place privilégiée, comme point
de départ fréquent du mécanisme de la projection [10]. »Le
plus souvent, les autres organes viennent en effet s’approprier cette
valeur phallique liée à un seul organe. Cependant, c’est une
grave erreur que d’assimiler la valeur phallique à la valeur
pénienne ou la réduire à un seul organe. Pascal Guignard,
dans son magnifique livre Le sexe et
l’effroi, qui, à mon avis, correspond à la poursuite
des dernières recherches de Foucault sur la sexualité, Guignard
montre que, plus que le pénis, ce sont les fesses qui possèdent
une valeur phallique dans l’ancienneté grecque et romaine, et, plus
encore que les fesses, les seins. Si le phallus et la valeur phallique sont
liés au pénis en tant que représentation imaginaire
d’une permanente érection, le mot de
falot l’est aussi, ou celui de
fascination, objet de
l’intérêt de Guignard. D’après ses conclusions,
est phallique tout ce qui possède une valeur sexuelle.
Or, que
voyons-nous dans la description de Tausk ? Que le sexe devient une machine.
Est-ce que c’est suffisant pour considérer que le sexe ou la
machine deviennent pathologiques ? Non. D’une part, Lyotard,
clairvoyant, avait déjà signalé que les machines
étaient investies sexuellement et que le corps devenait machinal.
D’autre part, ce qui est en question ce n’est pas tellement le
caractère machinal des toutes les activités
répétitives, y compris sexuelles, mais plutôt leur
caractère aliéné.
Ce que Tausk signale est que, le corps, appareil à influencer, demeure
étranger au psychotique, qui ne s’y reconnaît pas, ou
très mal. La douleur hypochondriaque correspond à
l’aliénation d’un organe ou d’une fonction, ou
d’un ensemble d’organes ou de fonctions, du sujet, qui ne
reconnaît pas le caractère imaginaire de sa plainte ou de ses
douleurs, confondues avec le réel du corps.
L’essentiel, je
pense, de la contribution de Tausk, est qu’il y a une ou plusieurs
aliénations qui se produisent. Il y a, chez le schizophrène ou
l’aliéné, cette notion, selon laquelle, son corps et lui,
lui et son corps, constituent deux entités parfaitement
étrangères entre elles, comme si le grand Autre n’avait
jamais eu de liaison avec le petit autre et qu’aucune relation entre eux
ne devrait jamais exister. Ou, à l’inverse, comme si l’Autre
était toujours prêt à prend corps et à se
précipiter dans l’autre. C’est d’ailleurs
peut-être là un des secrets de la passion et du narcissisme.
C’est aussi ce que décrit Schreber : Dieu souhaite sans cesse
se précipiter dans son
corps.
Retour à Freud et au-delà
Deleuze parle du sujet « pur esprit ». De même, le
fantasme du
« corps sans âme » hante nos patients. Ou, du moins,
sans l’âme qui lui convienne. Et, dans la crevasse de cette
étrangeté entre corps et pensée, apparaissent parfois les
hallucinations, en tant que pauvres pensées et riches sensations,
perçues comme étrangères au sujet, ou bien avec ce que le
corps impose au sujet, en tant que sensations liées à ses
fantasmes.
Le paradoxe de l’hallucination jusqu’alors est
qu’elle se situe entre souvenir, fantasme et réalité, sans
qu’on puisse l’approcher de manière exclusive. Et, puis, que
les hallucinations ne se réduisent pas à un seul ou deux sens de
nos corps, mais à tous à la fois, quel que soit celui qui se
présente à un moment donné comme dominant.
Voici
Schreber, en 1901 : « Je serais curieux qu’on me montre
quelqu’un qui, placé devant l’alternative ou de devenir fou
en conservant son habitus masculin, ou de devenir femme, mais saine
d’esprit, n’opterait pas pour la deuxième solution.
C’est pourtant bien comme cela et pas
autrement que pour moi la question se pose
[11]. » Désormais, une lutte
effrayante se déroulerai dans le corps et dans la raison de Schreber,
entre ceux qui veulent rendre fou le Président et ceux qui le
préfèrent femme. Les hallucinations issues de ce combat procurent
à Schreber des sensations qui oscillent entre la volupté proche de
la béatitude et les plus intenses douleurs
[12].« Le
cas Schreber » a été l’occasion pour Freud de
rappeler l’extension d’un de ses plus anciens concepts et de
l’utiliser d’une nouvelle manière. Depuis ses remarques sur
les psychonévroses de défense, Freud sait que le refoulement comme
la projection peuvent porter sur l’affect lié aux fantasmes, sur le
contenu des fantasmes, ou sur les deux à la fois, quand apparaissent les
dégâts les plus sérieux. C’est le cas de la
paranoïa.
Maintenant, à l’occasion de son étude
sur Schreber, après avoir proposé ses thèses sur
l’origine des sentiments de persécution et sur
l’érotomanie, Freud s’attaque aux origines du délire
de jalousie. Et il écrit cette phrase remarquable : « La
déformation par projection n’a pas à jouer ici, puisque le
changement dans la qualité de la personne qui aime suffit à
‘projeter’ le processus entier hors du moi. Que la femme aime les
hommes, voilà qui est le fait d’une perception
extérieure... [13] »Je
signale ce mot de projeter. C’est un mot qui va provoquer l’une des
plus formidables discussions dans le monde de la psychanalyse francophone ou
inspiré de la francophonie.. La traduction anglaise n’offre pas de
prise à ce débat. Je la retraduis en français :
« La déformation par projection est nécessairement
absente dans ce cas, puisque, avec le changement de l’objet d’amour,
le processus entier, de toute façon, se trouve jeté à
l’extérieur du soi. Le fait que la femme aime les hommes est un
fait de la perception extérieure pour lui... » (SE, XII, p.
64). »
La traduction de Freud faite par Marie Bonaparte et
Lœwenstein dessert le travail clinique de Freud. Lacan s’en
aperçoit le premier. « Projektion » n’est pas
« Verwerfung » !
Après quelques malheureuses nouvelles tentatives de traduction,
parmi lesquelles le terme de rejeter, les traducteurs français de
œuvres complètes de Freud se rangent à la solution anglaise,
elle-même basée sur la traduction espagnole :
« ...le processus est de toute façon jeté hors du moi.
Que la femme aime les hommes, cela demeure une affaire de perception externe... [14]. »
Nous
avons deux problèmes. Celui de la traduction et celui du passage de
l’intérieur vers l’extérieur, d’un
extérieur qui menace ou inquiète le sujet. Freud est clair :
ce qui était à l’intérieur, revient de
l’extérieur. Lacan s’approprie de cette idée,
négligée pour des problèmes de traduction, et la fait
sienne. Cela devient la forclusion. Le problème est que ce terme est
intimement articulé avec celui de loi et que Freud n’emploie jamais
ce terme de loi dans le même sens que Lacan.
Quand Lacan tient son
séminaire sur les psychoses, il n’emploie jamais ce terme de
forclusion. Ce qu’il a à dire, entre 1955 et 1956, d’un point
de vue clinique, n’exige aucunement l’appel à ce concept.
Lacan n’utilisera le concept de forclusion que trois ans après son
séminaire sur les psychoses. Ce terme deviendra d’une si grande
utilité clinique.
Cependant, Lacan a raison dans
l’ensemble : nous ne pouvons pas demander aux choses perçues
de nous expliquer ce qu’il y a dans la tête de ceux qui les
perçoivent, quoique l’insistance des voix de Schreber à lui
parler, à partir d’un certain moment, de défécation
et de selles, ne me semble pas indifférent. Et, d’autre part, il
arrive que ceux qui perçoivent soient au moins ambivalents à
l’égard du sens qu’il convient d’apporter à ce
qu’ils perçoivent. La « langue fondamentale »
de Schreber attribuait aux mots un sens exactement opposé à ceux
qu’ils possèdent dans la vie quotidienne. La langue fondamentale
schébérienne se situait entre celle de Hölderlin et celle de
Hitler. Le mode de fonctionnement en a été le même.
C’était la langue du troisième
empire !!!
D’autre part, Lacan a encore raison d’affirmer,
en bref, que le signifiant s’inscrit sur la chair. Ce n’est pas une
vraiment une découverte, néanmoins : Magritte et Kafka, parmi
d’autres, l’ont largement signalé. Une des nouvelles de
Kafka, « La colonie pénitentiaire », en propose le
meilleur exemple : une machine inscrit leur peine sur le dos des
condamnés, qui n’en connaissent pas la teneur jusqu’à
la fin de l’inscription. Il s’agît là bien d’un
appareil à influencer.
Or, cette nouvelle toute métaphorique
de Kafka, en fait, est une évocation tardive de l’expérience
des grands mystiques, dont l’union avec Dieu s’est exprimée
à travers l’apparition des stigmates. « Il semble que le
premier stigmatisé ait été, historiquement, saint
François d’Assise, le 14 septembre 1224 – marqué dans
son corps, aux pieds, aux mains et au flanc, âme imitative corporellement
signé du sceau de l’Époux. Comme Catherine de Sienne ayant
acquis par le mariage mystique un anneau que seuls les purs pouvaient apercevoir
et dont les stigmates étaient la garantie
visible...[15]. »Et,
encore, ce texte magnifique, qui inspirera le Bernin, dans son sculpture
célèbre, « La Transverbération de
Sainte-Thérèse » : « Je vis un ange
auprès de moi, à ma gauche, en forme corporelle, ce qui ne
m’est donné qu’exceptionnellement. Il n’était
pas grand, mais petit et très beau. A son visage enflammé il
paraissait être des plus élevés parmi ceux qui semblent tout
embrasés d’amour. Il tenait en ses mains un long dard en or, dont
l’extrémité de fer portait je crois un peu de feu. Il
semblait qu’il le plongeait plusieurs fois dans mon cœur et
l’enfonçait jusqu’aux entrailles. En le retirant, on aurait
dit que ce fer les emportait avec lui et me laissait toute entière
enflammée d’un immense amour de Dieu ... La douleur était si
vive que je gémissais et si excessive la suavité de cette douleur
qu’on ne peut désirer qu’elle cesse. » Et, je
souligne cette remarque finale : « Douleur spirituelle et non
corporelle, bien que le corps ne manque pas d’y avoir part, et même
beaucoup [16]. » La
génialité de Lacan est de transposer Magritte, Kafka et
Sainte-Thérèse à l’intérieur de sa pratique
psychiatrique. « Le spirituel » est ce que je
considère comme « de l’ordre du signifiant ».
Le corps, bien entendu, correspond à la singularité réelle
de notre existence. Ce qui les relie, ici, comme ailleurs, de l’ordre de
l’imaginaire, ce sont les rêves, les fantasmes, les hallucinations
et les délires, selon différentes positions que les uns occupent
par rapport aux autres.
Rachel et le feu
Mes patients décrivent des expériences
similaires, sans encadrement religieux. Rachel décrit abondamment ses
raisons de ne plus pouvoir marcher : le feu de l’enfer vient lui
brûler les pieds, lui monte à travers les jambes, jusqu’aux
entrailles ; le tout-puissant la bombarde de ses rayons, elle
éprouve en permanence un sentiment de brûlure intense, douloureuse.
Elle entend des voix qui l’injurient.
« N’est-ce pas
que l’érotisme est une douce brûlure sans
fin ? » - je l’interroge un jour, elle me regarde
surprise.
Le père de cette jeune femme est séfarade. Sa
mère est ashkénaze. Ils votent à l’extrême
droite, car ils entendent se libérer des arabes. Cette famille
s’organise d’une manière paradoxale, d’une
manière schizophrénique, peu cohérente.
A
l’âge de seize ans, Rachel est enceinte d’un jeune
d’origine maghrébine, comme son père. Mais, alors que ce
père est un juif pied-noir du Maroc, le jeune homme est un arabe de
Tunisie. Ce qui suffit pour que Rachel soit expulsée de la maison
familiale par son père, sans que sa mère la protège, avec
l’injonction de n’y revenir qu’une fois avortée. Le
jeune père ne s’intéresse plus à
Rachel.
Voilà cette très belle jeune femme qui
déambule dans les rues de Paris, les larmes aux yeux,
jusqu’à ce qu’elle rencontre un très joli travesti qui
l’invite à prendre un chocolat chaud et qui
s’intéresse à sa personne. Le travesti lui
déconseille de se faire avorter, si elle ne le sent pas, et se propose de
l’héberger, de l’abriter et de veiller à la naissance
de l’enfant. Il lui propose aussi de confier leur enfant, pour ainsi dire,
à une famille d’accueil juive qui lui permette de garder une
certaine relation avec l’enfant. Comment payer tout cela ? Le
travesti la rassure, se propose de s’en occuper et de ne demander que les
affaires soient réglées une fois l’enfant né et
placé. Rachel accepte. Avec son ami, ils décident simplement de
tenir un cahier des comptes, pour que Rachel sache combien elle doit.
A
l’âge de 17 ans, Rachel doit une fortune à son ami.
L’enfant placé, celui-ci demande son du. Comment va-t-elle faire,
qui n’a jamais travaillé ? « Très
simplement », répond le travesti, « tu vas tapiner
comme moi. » Mais Rachel est vraiment très belle, très
classe, très mode, très top. Et intelligente. Au lieu de tapiner,
elle tapote, et travaille avec le minitel et l’internet rose. Cela marche
bien, mais peut encore mieux marcher. Elle paye une partie de sa dette et
décide de s’installer toute seule pour la poursuite de ses nouveaux
projets. Elle déniche, entre minitel, téléphone et web,
sept papies, comme elle dit. Ce sont ses sept papies à elle, sur qui elle
règne, comme Blanche-Neige sur ses petits nains, selon ce qu’elle
me dit. Ce sont sept homme, âgés d’une cinquantaine à
une soixantaine d’années qui, moyennant le versement mensuel de
1000 euros chacun, ont droit à accéder à ses services et
à son réconfort quand ils veulent, pourvu que la rencontre soit
programmée. Pour 7000 euros par mois, Rachel se livre aux fantasmes de
ces messieurs, professeurs d’université, docteurs, banquiers,
hommes esseulés qui rêvent de tenir une Rachel des neiges, blanche
et savoureuse, entre leurs bras.
Enfin, pas tout à fait, je
l’apprendrai plus tard. Car Rachel est très maline. Et elle
s’est présentée dans la rubrique « femmes
dominatrices ». Ses messieurs lui rendent visite pour mettre en
scène leurs fantasmes masochiques. Ah ! penser que Freud a
écrit sur ces fantasmes en ne donnant que d’exemples d’hommes
et, au moyen d’une pirouette, les a attribué au
femmes !!!
Un jour, Rachel invite ses parents à dîner en
ville. Comme ils s’étonnent de son train de vie, très
convoité par père et mère (BM, fringues, parfums et ainsi
de suite), et comme ils lui posent de questions, elle les répond. Elle
leur raconte tout. Père et mère s’enragent, interdisent,
piquent la colère ? Non. Père et mère éclatent
de rire et disent qu’ils ont toujours su qu’elle avait le feu
à la chatte.
Le lendemain, Rachel teint ses cheveux en rouge feu.
Peu après, elle est frappée par les foudres de l’enfer et
des cieux à la fois. Le feu monte de l’enfer et saisi son corps. Il
l’a déchire au milieu. Il déchire le ciel. Des pluies de feu
tombent sur elle. Cela dure un an. L’inconsistance permanente de ses
parents a laminé la constitution d’un appareil de
pare-excitations.
Je ne pense pas vraiment que l’analyse puisse jouer
un rôle normatif ou surmoïque auprès de patients en grande
souffrance ou en grande difficulté psychique. Je crois que
l’analyste joue un rôle de reconstruction du système de
pare-excitations, en montrant comment la folie ne vient pas de
l’organisme, même si des choses qui interviennent sur
l’organisme peuvent la soulager. Il peut aussi aider les patients à
réfléchir aux modes d’attaque, d’envahissement ou de
carences familiales qui ont rendu difficile pour lui
l’établissement d’un système de para-excitations,
capable de lui permettre de penser.
Je ne sais pas ce qu’il
conviendrait de comprendre par ce concept si ce n’est l’ensemble de
signifiants circulant dans la famille qui peuvent rendre possibles les gestes de
protection et de tendresse, ainsi que la pensée et la parole, en tant que
la tendresse, la pensée et la parole seules sont en mesure de contenir
les excitations auxquelles sont soumis les corps.
Après un certain
temps de repos à l’hôpital, Rachel recommence à se
lever. Avec l’aide d’une infirmière, elle revient en visite
à son appartement. Elle doit porter des plateformes pour
s’éloigner du sol, des lunettes de soleil, même la nuit, pour
ne pas avoir les yeux qui brûlent, des parkas, curieusement, pour se
protéger de la chaleur.
Pendant un certain temps, nous essayons de
reconstruire son histoire. Je suis sûr que Rachel a connu de relations
incestuelles, que son père ou sa mère, ou les deux,
s’adressaient à elle en faisant référence à
l’érotisme. Elle ne veut pas m’en parler, mais elle entend ce
que je lui dis. Elle se souvient d’avoir eu beaucoup de jeux
érotiques avec sa sœur, jeux auxquels parfois ses parents
assistaient, en éclatant de rire. Et, puis, avec un cousin aussi,
à l’amusement général de la famille.
Rachel ne
veut pas que la thérapie traîne. Elle doit reprendre le travail,
chercher autre chose, aller rendre visite à son enfant. Elle ne voit plus
ses parents, mais garde son amitié avec son ami travesti, qui la
protége de loin.
Aujourd’hui, Rachel passe me voir de temps en
temps. Elle est gérante de boutiques de mode aux Champs-Elyssées.
De temps en temps, elle se prostitue, « mais, alors, là, le
prix est vraiment fort et je suis toujours dominatrice. Je n’ai jamais
pensé que ce serait comme ça, vous savez, mais c’est le plus
protégé. Il suffit de deux ou trois coups de cravache, même
pas très méchants, et on a son bonhomme.»
Dans un
certain sens, la parole du père, en désignant le feu à la
chatte, a permis l’éclosion d’hallucinations qui ont eu ici
une conséquence thérapeutique, pour autant qu’elles sont
venues désigner un espace menacé, entre ciel et enfer.
Curieusement, ces paroles surprenantes de la part d’un père ont
quand même servi à établir un brin de démarcation
entre imaginaire et réel, en établissant la place, par exemple,
d’un père gigolô ou macrô, contre qui Rachel a pu enfin
se révolter, non pas seulement sur la forme de la crise adolescente, mais
aussi sur la forme de la destruction de sa propre pensée,
remplacée par les hallucinations. Il est possible que la création
du délire ou de l’hallucination corresponde à un dernier, ou
à un tout premier effort du sujet en vue de la
création/découverte d’un tiers qui puisse l’aider
à s’éloigner quelque peu de son propre corps. De même
que le délire porte une valeur curative, en psychanalyse,
l’hallucination en fait autant.
Dans ce sens, la
médicalisation de l’un ou de l’autre, tout en
atténuant les souffrances éventuelles des sujets, correspond aussi
à la destruction de leurs capacités de
régénération propre et de découverte d’une
nouvelle créativité. Les pratiques psychiatriques actuelles, aussi
réconfortantes soient-elles, détruisent toute possibilité
d’éclosion de nouvelles créativités. Ni le
délire, ni l’hallucination ne doivent être pris en tant que
manifestation idiote d’un symptôme, mais plutôt, comme Freud
l’inaugure, en tant « qu’effort de
reconstruction. » C’est ce sur quoi il insiste largement dans
son étude sur Schreber et ce que nous montre Rachel.
[1].
S. Freud et J. Breuer,
Etudes sur
l’Hystérie, (1893), Paris,
PUF, 1956, pp. 1-2, trad. A. Berman.
[2]
S. Freud, « Project for a Scientific Psychology », (1895),
The Standard Edition of the Complete Psychological Works, vol. 1, London, The
Hogarth Press and the Institute of Psycho-Analysis, 1966, p. 339, trad. J.
Strachey. Ma propre traduction ici.
[3]
S. Freud, “Sur l’étiologie de l’hystérie”,
(1896) , in
Œuvres
complètes, III, PUF, 1989, pp.
173-174, trad. J. Altounian et O.
Bourguignon.
[4]
S. Freud, « Du bien-fondé à séparer de la
neurasthénie un complexe de symptômes déterminé, en
tant que “névrose d’angoisse” (1895),
Oeuvres
complètes, III, op. cit., p.
40.
[5]
S. Freud, « Nouvelles remarques sur les psychonévroses de
défense » (1896),
Névrose,
psychose et perversion, Paris, PUF, 1973,
trad. J. Laplanche.
[6]
S. Freud, « Constructions dans l’analyse » (1937),
Résultats,
idées, problèmes, II,
1921-1938, Paris, PUF, 1985, trad. E. Hawelka, U. Huber, J. Laplanche, pp.
278-279.
[7]
S. Freud, « Le clivage du moi dans le processus de
défense », idem, trad. R. Lewinter et J.-B. Pontalis, p.
286.
[8]
V. Tausk, « De la genèse de ‘l’appareil à
influencer’ au cours de la schizophrénie »,
Œuvres
complètes, Paris, Payot, 1976,
trad. J. Laplanche et V. Smirnoff, pp. 177-217, ici 206-207.
[9]
S. Freud, S. Freud, « Formulations sur les deux principes du cours des
événements psychiques » (1937),
Résultats,
idées, problèmes, II,
1921-1938, Paris, PUF, 1985, trad. J. Laplanche, pp. 135-144.
[10]
V. Tausk, « De la genèse de “l’appareil à
influencer” au cours de la schizophrénie »,
Œuvres
psychanalytiques, Payot, Paris, 1976, p.
211, trad. J. Laplanche et V. Smirnoff.
[11]
D. P. Schreber, Mémoires d’un névropathe, Paris, Seuil,
1975, p. 151, trad. P. Duquenne et N.
Sels.
[12]
J’ai dédié trois travaux aux multiples questions
soulevées par le livre de Schreber.
[13]
S. Freud, « Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie
d’un cas de paranoïa (Dementia paranoides) »,
Cinq
psychanalyses, Paris, PUF, 1954, p. 309,
trad. M. Bonaparte et R. M. Lœwenstein.
[14]
Idem, Œuvres complètes, X, Paris, PUF, 1993, p. 287, tard. R. Cotet,
R. Lainé.
[15]
J. N. Vuarnet, Le dieu
des femmes, Paris, L’Herne, 1989, p.
163.
[16] La vie de sainte
Thérèse écrite par
elle-même, in
Œuvres
complètes, Paris, 1702, trad.
Arnauld d’Andilly, cité par J.-N. Vuarnet,
Extases
féminines, Paris, Hatier, 1991, p.
125.