Raymond Leroux
Millakant
Il existe un mince libelle: ”
Lakant”, ”Sous la
direction de Jacques-Alain MILLER”,
traduit de l’espagnol,
collection rue Huysmans 2003[1].
Quelques psychanalystes lacaniens se montrent très férus de Kant.
MILLER pense que, eh oui, on pourrait peut-être prendre appui sur le cher
KANT pour contrer les prétentions des
”neurosciences”
[2]. Il
redresse (culture philosophique oblige!) quelques
contresens
[3], intervient assez
longuement pour (il me semble) à la fois rappeler ce que LACAN puisa dans
KANT et enseigner à ces apprentis l’art de la véritable
explication de texte (Khâgne et ENS
obligent!)
[4], enfin finit en
beauté: MILLER souligne que KANT adapte JUVÉNAL, un JUVÉNAL
que MILLER à son tour ... aura
adapté!
[5] J’ai bien dit:
il me semble ... Je n’ai eu en mains que l’édition
Budé des Satires datant de 1957 (texte et traduction de LABRIOLLE et
VILLENEUVE)
[6]. Mes remarques portent
principalement sur le chapitre: ”Une incroyable exaltation”, p.
27-41 op.cit. Bel exemple de l’intérêt suscité ..., et
des risques courus ... , par des communications essentiellement orales. Et
l’amusement, il faut s’y attendre, gît dans les
détails! Jusque dans les changements de lettres...
LACAN aurait retenu de la Critique de la raison pratique (KdpV) :
l’humour, une sorte d’érotisme, et un effet
d’exaltation[7]. MILLER
relève que le premier LACAN croise KANT avec du
”décisionnisme
heideggéro-sartrien”
[8].
J’oserai, quant à moi, découvrir mes cartes en clamant
que la KdpV représente la pire déception de toute
l’histoire de la philosophie, surtout par contraste d’avec la
Critique de la raison pure (KdrV). Je ne suis pas seul, et je dirai
pourquoi.
Par MILLER, KANT est mis en ligne avec DESCARTES, dont le
sujet-”cogito” serait ”le sujet de la science”,
dégagé de par la procédure niant ”toute
propriété aux pensées”, sujet vide donc par rejet de
toutes
”représentations”
[9].
Dès lors, un sujet-résidu, ce que MILLER dit, et on s’attend
de sa part à la critique de cette procédure (vidange et examen du
résidu), critique définitive qu’il eût tirée de
HUSSERL
[10], ou du moins (si
l’on jouit plutôt d’une culture philosophique type
”analysis” anglophone), on aimerait voir envisagée chacune
des
deux possibilités d’un sujet-reste ou résidu: (a)
qu’il soit certes ”vide” mais quand même
”chose” (”res”, ”réalité
formelle”, ”substance”) ou (b) qu’il soit état de
choses, relation actuelle entre ”choses”,
”connexion”. Bien sûr, MILLER insiste sur ce qu’il
en est chez DESCARTES où le premier ”cogito” est bien
”réalité formelle” c’est à dire
substance. L’important serait pour nous
[11]la manière dont
les
deux possibilités(a) et (b) se disent, la première via ce
que classiquement on appelle une ”référence”, la
seconde moyennant une proposition (ou un énoncé
éventuellement à incidence performative, ou, mieux encore, une
formule)[12]. Mais MILLER
”lacanise” DESCARTES d’abord et KANT ensuite, donc
n’envisage en fait que la première possibilité, celle qui,
justement, risque d’entraîner des engagements ontologiques
incontrôlés: ”
existence” (!) (quoique
certes:...) vide, ”
fragile”,
”
évanescente”, ”
substance(!!)
problématique” qui conviendrait au ”
sujet des
formations de
l’inconscient”
[13].
Suite à quoi KANT s’intègre bien dans le schéma du
fait que lui, KANT, n’opérerait qu’une nouvelle
”
élimination”. La ”substance” ne serait
pas encore la parfaite ”forme vide”, le sujet maintenant
(cartésien et kantien) n’interviendrait qu’au niveau de la
raison pratique (en effet...) et le résultat kantien du
”vidange” serait avant tout celui-ci:
ce sujet vide se trouverait
hors de la causalité objective, c’est à dire, selon MILLER,
hors de tout ”scientifiquement déterminable” – donc, je
suppose, hors de ce qui, pour KANT, peut se ”savoir” - ;
ça (ce sujet) ne se percevrait pas directement sinon de par
l’impératif catégorique, et cela serait
”inexplicable” sans qu’on pose un ”sujet
suprasensible”. Il faut supposer qu’ici MILLER ne fait que
paraphraser KANT, puisqu’il ne va tout de même pas considérer
ce ”poser” (ou ”postuler”?) comme une
”explication” ...
[14] Quoi qu’il en soit, on pointe la tentative lacanienne de sauver la
”
causalité
psychique”
[15], et
c’est là alors, soit dans dans la situation du sujet
”pratique” hors de toute ”causalité objective”,
donc (la chose est nommée peu après) grâce à
l’introduction de l’”autonomie”, qu’appel est fait
à KANT contre les ”neurosciences”, ou peut-être contre
ce que MILLER construit sous le nom de ”cognitivisme”, sur quoi il
n’arrête pas
d’ironiser
[16].
L’autonomie kantienne signifiant le sujet hors du conditionnement
objectif, par là même ce sujet se trouve identifié par
MILLER au sujet barré (
$) lacanien, et se trouve également
accentuée la double dépendance (”kantienne”) dudit du
”suprasensible” de la loi, à savoir : soumis à
l’articulation signifiante, soumis à l’objet (O; il
s’agit sans doute maintenant de l’O au sens psychanalytique). Cette
un peu rapide assimilation de KANT à LACAN (MILLER des fois
n’affirme qu’une compatibilité...) oblige MILLER à une
explication de texte de quelques pages de la
KdpV
[17]. Elle se fait selon les
règles de l’art: retours répétés sur des
formules dont il a déjà été traité,
allusions, anecdotes,... qui interrompent la lente ”digestion”,
résultats toujours ”brillants”, quelquefois étonnants,
et deux ou trois occasions où il suffit d’un minimum de
développement pour qu’on applaudisse de tout coeur.
Une première fois, après citation d’une formule de
l’impératif catégorique dans KdpV (”...
dass die
Maxime deines Willens jederzeit zugleich als Prinzip einer allgemeinen
Gesetzgebung gelten könne...”) MILLER écarte une maxime
”Tout pour moi” dont KANT ”
démontrerait”
que cela aboutit à une ”contradiction”. Qu’on
m’excuse, mais la ”démonstration” kantienne tablant sur
une possible ”contradiction” ne m’a jamais paru ni facilement
”instanciable” ni très convaincante, cela même avant ma
lecture du ”Kant avec
Sade”
[18]. Significativement,
le texte millérien est ici fort elliptique, peut-être parce que son
auteur compte sur la lecture de ZIZEK du ”Kant avec Sade”, exemple
d’une ”kantisation” de LACAN. Après quoi retour aux
trois ”théorèmes” dont la fin serait:
KANT exclut,
à titre de corrélat pour ce sujet vidangé, la supposition
d’un Objet (O), soit une ”matière” ou un
”contenu” qu’on tirerait de la ”faculté de
désirer”, O qui serait d’abord ”empirique”.
Bien que MILLER ne s’explique qu’après, ces
considérations paraissent fonction toujours d’une recherche
obsessionnelle d’objet, O, lequel O devrait fonder un principe valable
nécessairement pour tous, soit donc pour commencer un O du
désir
[19] déterminant
nécessairement la volonté de tout être rationnel – ou
raisonnable -. On peut, bien sûr, trivialement remarquer que la recherche
d’un tel O de ce côté-là est
désespérée d’avance. MILLER, et c’est beaucoup
plus intéressant, fait l’analogie pour commencer avec la recherche
de quelque ”constante” et de celle d’une
”certitude”, et pour ce faire
l’amour de Dieu (pourquoi
pas l’amour intellectuel de Dieu spinoziste? Ethique V; cet
”amour” n’est que ”connaissance”; et se rappeler
aussi: ”Deus sive natura”... ) serait un bon candidat (Dieu
lui-même étant déjà exclu parce que, si O, alors
non-empirique); et ensuite allusion au ”désir”
(”appetitus”) de SPINOZA, à propos de quoi je
remarquerais
: oui, le KANT de MILLER préjuge ici d’un possible
O empirique. Mais c’est ce que, justement, SPINOZA – le
désir est l’essence même de l’homme! - ne fait
pas! MILLER a beau jeu, ensuite, de rappeler la forclusion kantienne de tout
”désir”, le mépris spinoziste et lacanien pour
l’amour ou la ”sympathie” (je suppose: humanitariste),... etc.
Et donc on cherchera plutôt, dit MILLER, du côté des O
à ”validité mathématique” et/ou du
côté de ce dont ”
tu ne peux pas dire autre
chose”. Osera-t-on pointer que qu’au cours de
l’étape ”empirique”, MILLER, parce que travaillant dans
l’horizon de la procédure de vidange kantienne (éliminer
tout ”contenu” pour ne garder que la ”forme”) ...
n’a pas beaucoup cherché? Kant, bien sûr, encore moins.
[20]
Quant aux prétentions à la certitude mathématique:
négligeons les allusions millériennes à SPINOZA, chez qui
décidément il ne s’agit pas d’une ”forme vide de
désir” (ou de ”volonté”...) et tenons-nous en
à ce que MILLER dit de plus intéressant,
quoiqu’inévitablement d’aucuns trouveront qu’il
sollicite au moins certains des textes kantiens (KdpV , Bd 7 des Werke, pp
141-142, sub: 7. ... ainsi que l’”Anmerkung” ... ). Il affirme
que la mathématique (d’après KANT)
”
présente ses concepts comme constructions”, ce que
MILLER explique ainsi:
un triangle est ce que je fais, évidence et
monstration. En fait, le triangle n’”est” pas cela, mais les
”concepts” mathématiques nécessitent (selon KANT) la
construction dans des ”individus a priori”, espace et temps (E, T)
qui sont à la fois formes de toutes intuitions (en quoi cela
intéresse la perception ordinaire) et intuitions pures (en quoi ça
intéresse le
mathématicien)
[21]. Mais
MILLER a parfaitement raison de s’insurger contre les constructivismes
délirants des ”postmodernes”, et il a raison aussi
lorsqu’il proclame que les constructions-monstrations ne sont pas
possibles ailleurs qu’en mathématiques, que les
”philosophes”, donc, ne disposent que du discours, et que
”nous” (philosophes et psychanalystes?), si ”nous”
disons ”pulsion” ou ”raison”, ne pouvons rien montrer,
seulement commenter du déjà utilisé, expliciter,
re-définir.
[22]Est-ce
donc bien KANT qui ”nous” enferma dans ”la grande
prison” de la KdrV? Il est curieux que nous comprenons quels sont au juste
les murs de cette ”prison” suite, précisément,
à une tentative kantienne d’échapper en fraude par un
tunnel.
Car voilà que KANT récupère, dans la KdpV, quelque
chose de la ”certitude mathématique”, en
l’élevant au niveau (dit MILLER) du ”coeur” ou
”de notre âme” (on sait que KANT n’est pas PASCAL
et a parlé plutôt de ”foi”, ”Glauben”, que
d’”âme” ou de ”coeur”...). Et cela
soulève l’incroyable enthousiasme, parce que c’est vu comme
un retour à quelque métaphysique, en attendant que LACAN
s’en trouve à son tour ”exalté”, pour
d’autres raisons heureusement, croyons-nous. Oui sans doute, une
volée d’étudiants faméliques qui, en ce
temps-là, discutaient furieusement et jouissivement dans leurs
universités, ont bien pu s’enthousiasmer à la façon
décrite par MILLER. Ajoutons la plaisanterie de Heinrich HEINE qui
raconte que même le valet LAMPE (les jours de mauvais temps, il suivait
KANT armé d’un parapluie), ayant compris que son maître avait
démoli la métaphysique donc la théologie, fut bien
soulagé lorsque KANT se décida à faire quelque chose pour
lui et pour sa morale, ... et écrivit la KdpV....). MILLER ne le dit pas,
mais je le soupçonne de vouloir avant tout souligner la
différence profonde qu’il y entre d’une part cet enthousiasme
à bon marché qui ressuscite joyeusement aujourd’hui dans les
”âmes” ou les ”coeurs” des tenants de
l’”éthique”, et d’autre part l’exaltation
lacanienne.
Reprise: il est assez connu que le mot-clef kantien pour l’exclusion
des O ”matériels” et de tous principes dits également
”matériels”, c’est: bonheur,
”Glückseligkeit”. Tous tels O, tous les
”principes” de cet ordre, feraient référence au
”bonheur” et donc dériveraient de l’amour de soi.
Au-delà même de la trivialité consistant à dire que
ce qui fait le bonheur de l’un ne fait pas celui de l’autre (mais
cette trivialité n’est pas négligeable!), il faudrait dire
qu’on n’y trouve jamais de ”certitude
mathématique”, ce pourquoi – une paraphrase
millérienne de plus de l’obsession kantienne! – le type
recherché de principe universel en ”registre” d’action,
à certitude (quasi-) mathématique, ne doit pas faire
référence à quelque O (d’expérience) , doit se
trouver cartésiennement ”vide” de tout ça,
d’où (KANT dépassant DESCARTES) élimination de toute
”matière” (= contenu), de sorte que reste ”la forme
pure”. Cette fois, MILLER ne peut plus s’empêcher de citer
LACAN
[23], et, très
typiquement, sans souligner expressément l’incompatibilité,
il en dit pourtant assez pour obliger quiconque à mettre quelque sourdine
à la kantolâtrie
. LACAN, en effet, affirme que l’O est
bien là, mais il s’agit d’un O pour lequel la batterie
conceptuelle /matière (éventuellement éliminable) / VS
/forme (éventuellement ”pure”)/ se révèle tout
simplement inadéquate (j’ajouterais qu’il en est de
même de l’entier soubassement de cet édifice, soit les
”concepts de la
réflexion”)[24] .
L’O pour autant qu’on en parle est invisible, il y a
côté sujet : schize, faille, manque et barre ...
Je ne crois pas me tromper si, dans la pratique millérienne et
lacanienne de jouer encore le jeu
kantien ”wider besseres
Wissen”, je vois poindre de temps en temps l’ironie. Par
exemple: si le principe de conduite universel pensable, censé
”
conforme à la (seule)
forme” se traduit:
”
agis selon une formule pouvant avoir une certitude
mathématique”
[25],
cela ne revient-il pas à prècher ce que KANT lui-même croit
et dit impossible? Mais c’en est peut-être juste le
mérite?
[26] Si la formule est
traduite en: ”
agis en public”, n’est-ce pas
assimiler KANT à COMTE (”vivre au grand jour”: quoi de
meilleur pour exclure, c’est à dire refouler,
précisément tous les fantasmes?)? MILLER en tous cas ne se prive
pas, revenant à l’impératif catégorique, de souligner
(avec raison!) le caractère autonymique de la formule; de plus, toujours
avec raison, il marque que KANT ne conclut pas
”déductivement” à sa
formule
[27]. Tout ce qu’il
fait, c’est d’énumérer des conditions auxquelles un
tel principe devrait satisfaire, des critères auxquelles cela doit
répondre. Et effectivement, vous aurez beau énumérer des
critères, la bonne logique ne vous donne pas le droit d’affirmer
que ce qui y satisfait soit la chose que vous avez
cherchée
[28] . Donc, comme le
dit MILLER,
KANT pose la formule ”sur la table”, supposant
toutefois qu’elle est déjà inscrite en chacun. MILLER
paraphrase à la lacanienne: voilà quelque chose ”qui ne se
sait pas”, ”substance inconsciente”... J’avoue que
c’est cela qui, à mon tour, m’”exalte”. Et bien
davantage que la très décevante pirouette kantienne, affirmant que
le pire des criminels aurait toujours honte... [29]
Ce sur quoi finalement MILLER met l’accent parlant de KANT,
c’est bien ceci: du moment qu’on suit la précise description
kantienne comme quoi la raison serait immédiatement
”
législative”, et que ce fût là le seul
”fait”, ”Factum”, de la raison devenue pratique, il doit
apparaître immédiatement que l’acte moral vraiment tel est
”pratiquement” (en notre sens, ordinaire, non-technique, du terme)
impossible. Et on aura toutes les facilités du monde pour puiser dans le
texte kantien des illustrations, avant qu’on ne se refère
à ces textes de la KdrV que MILLER, par ailleurs, ne se lasse pas de
citer et qui représentent le dernier mot sur un sujet kantien que ne
viennent pas travestir, peu après, des postulats dont on n’oubliera
pas que ce sont, littéralement, des exigences. Les illustrations
d’abord: KANT, tant et plus, suivi par MILLER, répète que
l’exigence morale est telle que (peut-être) jamais quelqu’un
n’a réussi à commettre un tel acte. Et MILLER de critiquer
celui qui croirait que son
geste (tiens, un
geste, non un
acte?!
[30]) dût être
comme le principe d’une législation universelle, et encore le
”toqué” qui prétend
aimer agir
conformément à l’impératif catégorique (auquel
cas c’est ”foutu” puisqu’il agit pour son bonheur ...)
et encore celui qui s’en tiendrait à un ”
principe de
réciprocité” (KANT a assez ridiculisé la
”règle d’or”...), fût-ce sous la forme de
l’exigence de traiter ”l’autre toujours comme fin”
(MILLER a l’excuse de l’oral, mais nous oblige quand même
à répéter une fois de plus que le texte originel demande
de traiter l’humanité - la qualité, non
l’ensemble!- toujours aussi comme fin et jamais
seulement comme moyen). MILLER pense d’ailleurs que le
”principe”
manifestement ne prend pas en charge le tout de
l’action: ah oui? Où donc se trouve ce qui reste
dehors
[31]? Et
d’évoquer LACAN avec l’exemple auquel tout le monde songe:
cet ”impératif” ne sert strictement à rien
lorsqu’il est question d’une relation sexuelle: un acte sexuel
pourrait même être moral, mais alors il ne serait justement pas
sexuel... Ensuite, rappelons-nous afin de l’appliquer ici les très
célèbres passages et notes de la KdrV au sujet de
l’”aperception transcendentale”, soit le ”je
pense” qui, à ce que nous concluons, ”accompagne” et
”doit pouvoir” accompagner toute représentation quelle
qu’elle soit
[32] .
C’est ce ”devoir-pouvoir” qui mériterait davantage
une analyse sémiotique que la différence, en castillan, entre
”hacer”, ”obrar” et ”actuar”....).
Quelque chose dans la lecture millérienne de la KdpV rappelle
précisément cela, au point qu’on croit presque à une
”application”! Laquelle application donnerait ici – je me
permets de passer à l’allemand! - :
”jeder muss (universalité et nécessité!) stets so handeln können, aber wir wissen nicht ob jemals einer wirklich
konnte”. Soit donc:
conclure strictement à un
”muss...können”, un ”devoir-pouvoir”, sans aucun
ajouté qui, lui, nous ferait tomber dans la trappe de l’apparence
transcendentale. La KdrV fournit le remède alors que la KdpV est
affectée de la maladie. Énoncer cela,
c’est, à
notre sens, ce qui nous rapproche le plus d’une quasi-certitude
mathématique, telle que MILLER lisant KANT semble la désirer.
Reste à rappeler la fondation kantienne de la moralité
à partir de la ”volonté”, qu’on cerne le mieux
en commençant (comme MILLER le fait) par la ”Grundlegung”,
texte plus ”populaire” que la KdpV. Si je suis supposé agir,
faire A, ... (”hacer”, ”obrar” et
”actuar”...) sans aucune relation avec des O ou des
”contenus”, et uniquement de
manière (la
”forme”, le ”comment”!..) à ce que tous, dans
tous les cas, doivent...., si telle est, dis-je, la supposition, alors quel peut
bien être au juste le sujet qui agit-fait, quel peut bien être le
foyer dont part cette mystérieuse ”volonté”
supposée ”bonne”, quelle est cette
”volonté”, et peut-on même demander ce que
”c’est”? Eh bien, MILLER a une heureuse formule qui se trouve
boucler sa tentative de lacanisation de KANT, formule qui, en même temps,
est aussi la preuve de l’impossibilité radicale de la tentative. La
formule est (une fois écartées les
mésinterprétations de KANT qui prônent sympathie,
humanitarisme, réciprocité, amour du supposé
”bien”... etc) : ”
il faut seulement vérifier
l’existence du sujet dans le
signifiant”
[33], soit dans
S . Nous avons déjà dit que, pour LACAN, - et le
”bien faire” dût-il n’être autre chose que le
”bien dire”
[34] - , il
n’y a pas lieu d’éliminer tout O à la manière
de KANT, mais au contraire: l’O est là bien qu’invisible,
fragile et évanescent, quoique d’”O” remarquable il
s’agisse (en particulier l’O ”petit a” dans le fantasme
...) et tel qu’ils (ces O) font dégager le sujet barré
(clivé, ...) et la faille dans A. Plus populairement parlant:
ce sujet
est celui du désir [35]sur lequel, comme il est dit, il
ne faut pas céder - ajoutons: ... et tout, rigoureusement
tout,
dès que rétrospectivement vu comme ”symptôme”,
montrera toujours qu’il a déjà été
cédé. Agaçante régularité ne connaissant
guère d’exception ... sauf Antigone peut-être? ... Ce
pourquoi MILLER dit fort bien que
le ”partenaire” du sujet
(lacanien), c’est ”la jouissance de son symptôme” (/jouissance/ à prendre au sens où le notaire parle
d’”entrée en jouissance”). En un sens, le principe
lacanien du ”ne pas céder sur son désir” fonctionne
tout comme l’impératif catégorique de KANT: on dirait bien
que n’importe quel acte examiné ”nachträglich”
avec une formule de l’impératif catégorique en tête
(voyez les 4 exemples de la
”Grundlegung”!
[36])
montre que, de toute façon, c’est ”foutu” (pour parler
comme MILLER). Et alors, pour préjuger de notre interprétation
(qui va suivre) d’une formule de JUVÉNAL, en somme, kantiennement,
nul acte ne peut être ”justifié” par des
”rationes”, des raisons convaincantes; on a finalement juste un
”je veux” ou mieux un ”je veux ainsi” ou un ”tu
l’as voulu”..., et pour KANT ce vouloir serait (devrait être)
transparent à soi, c’est à dire qu’il serait garanti
que c’est bien ”je” qui ”veux” (ai voulu), et non
pas le vouloir d’un autre, ou d’un Autre, qui se serait
insinué dans ”ma” volonté: une telle transparence,
quoi de plus contraire aux évidences les plus
hurlantes
[37]? Mais l’analogie
dans le fonctionnement ne nous paraît pas, alors là pas du tout,
être une raison d’identifier le désir lacanien avec la
volonté kantienne. Le
sujet lacanien n’est jamais sans aucun
”O” et pour cela justement il
est non pas fixé sur
l’O, mais fixé sur et dans un ensemble de
formules[38], un sujet toujours
en connexion avec des ”O” ce pourquoi il serait correct de parler de
sujet-objet-sens, abrégé SOS, un sujet jamais
approché à titre de résidu d’un vidange, et
un
”désir” enfin où la tentative même de distinguer
rigoureusement ”forme” et ”contenu” ou
”matière” se révèle immédiatement
inadéquate ...
En fait, MILLER, obligé à rendre compte de ce que LACAN a
effectivement aperçu dans KANT, relève en dernier lieu quelque
chose qui explique l’
exaltation éprouvée à la
lecture de la KdpV, ... et
fait apparaître
l’”enthousiasme” des étudiants de jadis (et le
soulagement du valet LAMPE...)
comme... pire qu’incroyable! Car il
reste tout de même encore un ”critère”
supplémentaire de la moralité d’un acte (rappel: que
ça satisfasse à des critères, voilà des conditions
seulement nécessaires, non-suffisantes, de cette moralité!). LACAN
est crédité de la découverte comme quoi
l’acte
vraiment moral serait tel qu’il plonge dans le
”malêtre”, dans la ”douleur”. Citations
répétées allant dans ce sens – dans le sens que la
moralité ne peut avoir rien d’agréable -, citations
comprenant aussi la prosopopée du ”nom du devoir”
(”Pflicht... erhabener und grosser
Name...”
[39]), et la remarque
de l’Opus posthumum où KANT, apparemment avec jubilation, nous
révèle que Dieu ne nous doit
rien
[40] et que, sur nous, ô
absurdité, Il n’aurait que des ”droits”. Donc,
”douleur”, ”malêtre” dans le bien? Je
voudrais, marquant mon complet accord avec LACAN et MILLER, bien que KANT tente
de cacher son jeu, ajouter que KANT est bien plus précis dans la
description de ce malêtre, puisque lui, KANT, nomme (déjà
dans KdpV: ”schägt meinen Stolz nieder”
[41] puis dans la
”Métaphysique des
moeurs”
[42]) proprement une
humiliation du sujet devant la catégorique exigence, humiliation,
supposons-nous avec MILLER, de par la conscience qu’il doit ..., mais
jamais ne peut..., proprement y satisfaire, ou du moins ne peut jamais
être sûr d’avoir pu.... Est-ce là une
”douleur”? MILLER a tout à fait raison de
”lacaniser” cela sous la forme
: KANT diviserait
”l’Autre avec un énoncé à la hauteur duquel
personne ne se tiendra jamais”. Réaction de MILLER:
”Pauvre humanité!” Que ne dit-il, comme à mon avis il
devrait: salaud de KANT, salaud de Dieu?
Maintenant, pour être immédiatement
”législative”, cette ”raison pratique”
identifiée à la ”volonté pure”
(purifiée: imaginez qu’on fasse cela du ”désir”
lacanien: l’analogie porte, mais l’identification est impossible!),
le crucial et unique ”Factum” deviendrait une ”loi” non
donnée (et pourtant, cf plus haut, ”inscrite” dans tous,
même dans les criminels ?). C’est là qu’interviennent
les pseudo-citations de JUVÉNAL, dont nous allons rendre
compte!
[43]
JUVÉNAL, Satire VI, vers 219-223 (l’édition Budé
ne signale, à cet endroit, aucune variante importante!)
-”Pone crucem servo.”- ”Meruit quo crimine
seruus
supplicium? Quis testis adest? Quis detulit? Audi;
nulla umquam de morte hominis cunctatio longa
est.”
- ”O demens, ita seruus homo est? Nil fecerit,
esto:
Hoc volo, sic iubeo, sit pro ratione
uoluntas.”
KANT, KdpV, Werke VII 142, DB Philosophie S. 25360 (édition
électronique) :
...(sic volo, sic iubeo) ...
MILLER (et al.) LAKANT p. 41 :
A vrai dire, en latin, on dit : Hoc volo, hoc jubeo,
”je le veux, je l’ordonne”
Des différences minimes, d’une ou deux lettres! Qu’en
dirons-nous? Bien sûr, cette 6e satire vise les femmes mariées, et,
dit MILLER, lorsqu’un homme se marie, il se produirait ”
une
douleur terrible”
[44]. Que
non, pas cela, mais ce que nous oserons appeller:
une emmerde maximale,
où le simple cocuage ne serait qu’un déboire relativement
bénin, aussi inoffensif que, disons, l’obsession de certaines
matrones de vous interdire le moindre
solécisme
[45]. MILLER pense
que voilà qui donne et ”
la croix de
l’expérience”, et ”
l’excellence de
l’éthique célibataire” ... heuh... Ethique?
Dois-je rappeler qu’à Kaliningrad on montrait encore
récemment l’arbre sous lequel ce grand célibataire se
livrait à ... l’”innommable”
[46] (dixit KANT) (i.e. la
masturbation)? Mais une fois de plus MILLER a raison d’interpréter
la quasi-citation kantienne comme ceci:
l’impératif
catégorique prend ici la voix même du tyran domestique, de
cette dame qui tient à faire crucifier un esclave parce que (je traduis
la version ”KANT”!) ”
ainsi je veux, ainsi
j’ordonne” (plus librement pour la 2e partie:
”
c’est un ordre”). Mais on l’aura
remarqué: KANT adapte JUVÉNAL,
car l’adverbe
(”sic”, ”ainsi”) souligne on ne peut plus distinctement
le ”comment”, la ”manière”, donc bel et bien la
pure ”forme” tant du ”volo” (”je veux) que du
”iubeo”(j’ordonne), du vouloir donc comme de
l’impératif. MILLER prétend ”qu’en
latin”, on remplace l’adverbe(”sic”, ainsi) par un
pronom (”hoc”,
cela)
[47]. Quel latin, ou quel
Latin, dit ça? Pas JUVÉNAL si j’en crois ma vieille
édition. Et la consultation des dictionnaires ”GAFFIOT” et
”LEBEGUE” avec le ”Repetitorium” de MENGE enseigne que:
”volo” se construit très souvent avec un
”accusatif” nom ou pronom, comme chez JUVÉNAL , ”
hoc
volo”; ”iubeo”, par contre, le fait rarement et, dans ces
cas, prend souvent un sens dérivé comme p.ex.
sanctionner ou
promulguer. D’ordinaire, ”iubeo”, si
complémenté, s’accompagne d’un infinitif, d’une
proposition infinitive (”
j’ordonne de faire cela...”)
voire d’un ”ut” suivi du subjonctif. De la sorte, si MILLER
met deux fois un pronom (”hoc”), et, à moins que mon
édition de JUVÉNAL ne soit dépassée, c’est
qu’à son tour
lui, MILLER, adapte le poète latin aux
exigences de son lacanisme. Plus particulièrement: MILLER en est au
désir lacanien, et s’il rapproche ce désir de
l’impératif catégorique kantien et que cela lui fasse dire
un ”hoc iubeo” (littéralement: j’ordonne cela),
c’est parce que d’abord et plus important il y a le ”hoc
volo” qui n’est rien d’autre que la réponse latine
appropriée à la question de Don Giovanni: ”Que
vuoi?”. Et il se garde (comme KANT dans la KdpV) bien de citer le
reste de ce vers! Quant à nous, il nous semble que
JUVÉNAL, par
l’usage tantôt de l’adverbe, tantôt du pronom, entend
faire très explicitement une différence entre le vouloir
(la volonté, ou ... le désir) et l’ordonner
(l’impératif). On peut fort bien, selon lui et le plus gros
bon sens, vouloir ou désirer quelque chose: un O, une
matière-forme, un ”cela”... Mais il est dit ici par
l’épouse sadique et tyrannique (par ce dont à en croire
MILLER l’impératif catégorique prend de la graine!) qu’en lieu et place de la ”raison” soit la (ma?)
volonté. La préposition ”pro”, c’est
certes ”très fort”, cela signifie que
la volonté,
loin d’être le lieu des raisons, vient proprement s’y
substituer avec son ”bon plaisir”, son arbitraire, et que donc
s’exclut sans reste un vouloir qui pût être ”la raison
pratique” et s’exprimer sous forme d’un impératif
catégorique purement formel. MILLER a certainement raison de voir
dans les cautèles du mari (
qu’a donc fait l’esclave
à crucifier? Où sont les témoins? Qui l’a
dénoncé?... ”il faut prendre son
temps...”) la voix non point de la ”raison, mais... du
raisonnable. Les ”rationes” remplacées par le ”bon
plaisir”, donc par un ”c’est un ordre”, ... ces
”rationes” seraient probablement ”des raisons en tant que
discutables”. Si cette lecture de JUVÉNAL par nous, et de KANT par
MILLER, est correcte, alors MILLER pourrait s’enorgueillir d’une
véritable découverte:
KANT (qui n’y va pas avec le
dos de la cuiller!)
aurait deux siècles à l’avance
sapé déjà les fondements de toute
”Diskursethik” qui pourtant se réclame de lui!
[1] Ecole de la cause freudiene.
Diffusion: NAVARIN-SEUIL. Traductrices: Yasmine GRASSER, Adela BANDE-ALCATUD.
LAKANT aura ci-après comme référence ”LK” suivi
de la page
[2] LK p.
29
[3] P.ex. ALEMAN envisage une
pluralité d’impératifs catégoriques; en fait il y a
plusieurs
formules d’un seul
impératif
[4] LK p.
27-41
[5] Ci-après,
in
fine
[6] JUVÉNAL,
Satires, Paris Société d’édition ”Les
Belles Lettres”, 1957. Références à ce texte selon la
manière classique, p.ex. Sat VI / 221: le vers 221 de la SATURA 6
[7] ”Elation”,
”enthousiasme”, ”pure merveille” ... MILLER cite LACAN
LK 27
[8] MILLER tente de faire
une différence entre le LACAN de ”
Propos sur la causalité
psychique” (LK 29), qui serait
le plus kantien, et cependant
pas tout kantien, ... et la
suite
[9] LK sur DESCARTES: p.
28, sur le progrès de KANT par rapport à DESCARTES, ibid.
[10] Texte pertinent:
1e
Méditation Cartésienne; Husserliana I, Martinus Nijhoff 1950.
Mais HUSSERL ne cesse de revenir à cette critique d’un
prétendu ”résidu”.... Il est vrai que dans
”
Ideen I” (Hua III 89-90) HUSSERL en est encore à une
”conscience absolue résiduelle”
....
[11] Les termes
”
référence”,
”
référent” et apparentés sont surtout
caractéristiques de l’usage en linguistique, philosophie du
langage, épistémologie et sémiotique
anglophones
[12] Entendons, pour faire vite, par
proposition (prop) un
énoncé susceptible d’avoir une valeur de
vérité, W; J.L. AUSTIN et ses successeurs pointent que bien des
props peuvent avoir un aspect
performatif. Sans insister: bien sûr
tout – en particulier les engagements ontologiques! - change si le
”sujet” est considéré comme quelque chose qui
n’apparaît que dans et par certaines
”
formules” ...
[13] Tous ces termes: LK
28-30
[14] Toute cette
procédure précédant l’explication de texte: LK ibid.
On pointera peut-être que même la KdrV, surtout à la fin du
chapitre sur les ”paralogismes” (B 419 et suiv.) envisage la
possibilité d’un sujet n’apparaissant pertinemment que dans
le ”pratique”. Mais là KANT ne se lasse pas de
s’exprimer sous forme de conditionnels ... La KdrV est, en ces endroits,
avant tout extrêmement critique et destructrice de toutes
prétentions de ”connaître” ou ”savoir” qch
sur ce ”sujet” tel qu’il est . Nous nous
référons à KANT à la manière classique, soit
pour KdrV p.ex. en distinguant les éditions A et B; en cas de textes
identiques: ”Anmo = Bxyz; s’il s’agit
d’”Anmerkungen”, en B, nous le dirons. La typographie de
l’édition Raymund Schmit, Felix Meiner 1928 (avec le très
utile Lexique ”Ratke”) montre que le texte capital a
été bien des fois repris, redressé, ... par KANT. Nous
consultons aussi l’édition WEISCHEDEL, WB (Darmstadt) 1968. On
aura compris que nous récusons le terme millérien
d’”explication” pour des actes de ”poser” et pour
des ”postulations”
[15] LACAN, Ecrits (Seuil
Paris 1966) 151-193
[16] On
lira à ce propos: surtout MILLER, ”
Le neveu de Lacan”,
Verdier (Lagrasse 2003), mais aussi: MILLER & MILNER, ”
Voulez-vous
être évalué?”, Grasset (Paris) 2004
...
[17] Ces pages sont
principalement le paragraphe 7, KdpV VI à p. de p. 140 (Akademie A 54)
avec ”Folgerung” et ”Anmerkungen”. Nous pouvons, cela
dit, nous épargner les références de détail, le
texte étant court.
[18] Ecrits p. 765, en
part. 770 ”Vive la Pologne...”; sur ce texte nombreuses
interventions de Slavj ZIZEK, en part. Texte déchargeable sur Internet,
et : ”
Tarrying with the Negative” Duke University Press
(Durham) 1993, ”
The Puppet and the Dwarf ”, MIT Press
(Massachussets) 2003, ....
[19] Le
”désir” kantien: ”Begehren”,
”Begehrungsvermögen”... Le désir lacanien:
Ecrits 793 et suiv. (ainsi que, certes, tous commentaires du ”graphe”
(”ouvre-bouteilles”) dans les
”
Séminaires”. A signaler les perpétuelles
équivoques par rapport à la ”Begierde” de HEGEL;
à signaler qu’un mot comme la traduction unique de /désir/
est difficile à trouver dans FREUD, quoique LACAN ait parfaitement raison
de centrer ”sa” psychanalyse sur ”le” (en
fait:”son” = de LACAN)
désir (Cf LAPLANCHE
& PONTALIS,
Vocabulaire de la psychanalyse, à p. p. 120). Bien
que puisant dans LACAN, je constate que ”mon” désir,
s’il était ”quelque chose”, serait plutôt
spinoziste, et surtout deleuzien....
[20] On n’a cessé
de s’interroger sur le refus kantien de la
”Glückseligkeit”, qui pourtant, au vu surtout de
l’incontournable fait ( un fait, quoique pas un ”Factum”...)
du ”Begehrungsvermögen” semble donner lieu à une
quasi-universalité. Nous pensons que MILLER suivant LACAN a raison dans
son interprétation de
KANT
[21] Le plus clair
de ce que KANT a à dire sur les ”constructions”
mathématiques se trouve KdrV A 105 = B 141, B 136, B138
(”Anmerkung”), B 147, ....
[22] LK p.
34
[23] LK à p. de p.
37
[24] KANT KdrV prend
critiquement position sur les ”Reflexionsbegriffe”; nous pensons que
c’est là que définitivement se sape tout fondement
d’une possible métaphysique ayant en quelque sens même
déviant du terme un objet, O, ce pourquoi nous parlons du
”soubassement” de tout cet édifice.
[25] ”Agis...” :
actúa ... LK p. 37; ”... en pensant qu’on nous
regarde”...MILLER appelle ça ”concrétiser”!
[26] Depuis quelque temps, on
commence à être habitué aux tendances suivantes: que quelque
chose soit
impossible prouve que précisément c’est ce
qu’il faut p.ex. seule une morale à exigences impossibles est digne
de se discuter; et : si l’on montre que quelque chose est l’objet
d’une
exigence – surtout inconditionnelle! – alors
cette chose (qui répond exactement à ce que jadis on
définissait comme l’erreur:
de l’exigé pris pour de
l’évident!)
existe
évidemment
[27] Tout
cela dispersé sur LK 28-34; il y a quelques problèmes en rapport
avec la traduction. P.ex. je suppose que, si le texte portant sur une maxime
”
Tout pour moi” dit que ”
la démonstration de
Kant est contradictoire”, il faut lire: KANT entend (selon nous: en
vain!) montrer qu’il y a là quelque contradiction,
éventuellement ”performative” comme dirait la
”Diskursethik”
[28] de même que, lorsqu’ARISTOTE a exposé les critères du
”souverain bien” , il n’a pas le droit de dire que le bonheur,
c’est le souverain bien, à moins qu’il n’ait
démontré par ailleurs qu’il est
seul à
satisfaire à ces
critères
[29] MILLER
cite LK p. 37-38: ”
Même le criminel a honte de son acte au regard
de la loi”. Nous répétons que ce genre de
considérations, décidément, ne paraît pas
convaincant
[30] Peut-être se souviendra-t-on du beaucoup trop négligé SARTRE
: ”
Un acte ou un geste, voilà la question” (formule
à rapprocher des ”
Cahiers pour une
morale”
[31] LK p.
38. Qu’est-ce qui reste dehors? Seraient-ce ces ”actes” qui ne
sont que des gestes? MILLER semble vouloir s’engager dans une dialectique
opposant acte à geste, ... mais il ne persiste
pas
[32] Références: pour le ”begleiten”A 346 = B 404, B 407
– 408, B 428-433, A 354, ... (relire le texte entier sur les
”paralogismes”). De même pour le ”
Ich
denke”: B 158 . Nous pensons pouvoir tirer du texte ainsi que des
évidences les plus criantes, qu’un ”je pense”
peut accompagner toutes représentations, toutes, pas seulement des
concepts tout formés; qu’en fait il ne les accompagne que rarement,
mais qu’il ”
doit pouvoir” le faire, et que KANT tend
à interdire toutes conclusions métaphysiques qu’on serait
tenté d’en tirer; qu’enfin ces tentations sont les
pièges de l’”apparence transcendentale”...
[33] LK p.
38
[34] Séminaire
VII : ”il n’y a d’éthique que du bien dire” ...
[35] Voir note 19
[36] Au temps
où je prenais KANT ”au sérieux” (sans
”jouissance”...) j’avais tenté de montrer, à
propos de ces 4 exemples, ceci: pour le premier (le suicidaire), on aboutit
à la conclusion contraire de celle de KANT, pour le second
(l’emprunteur indélicat qui promet de rendre sachant qu’il ne
le pourra pas), non-pertinence de l’exemple du fait que la situation
sociale particulière est barrée de sorte qu’on ne sait si la
maxime peut même se formuler, quant au 3e (celui qui laisse un talent en
friche), non-pertinence encore, mais à pointer, à
côté des sottises que KANT profère sur les
”Südseeeinwohner”, cette remarque capitale que assurer son
bonheur (!),... -
assurer seulement, pas
réaliser!-
c’est ...un devoir; le dernier exemple (quelqu’un qui pourrait
secourir un malheureux, mais refuse de le faire, éventuellement par
”ultralibéralisme”...): l’embarras de KANT allant
jusqu’à distinguer des devoirs vraiment inconditionnels
d’autres qui ..., cet embarras est tellement manifeste
....
[37] ... Et KANT le sait
fort bien; Dans ”Metaphysik der Sitten” VIII p.: 524 il dit
qu’il est impossible d’être sûr de l’intention
morale et de la pureté de la ”Gesinnung” fût-ce
d’une seule action; incertitude surtout si la conscience d’un
mérite se révèle ”douce” (”süsses
Verdienst”) ... Ibid.
515-516
[38] Dont celle du
fantasme (fondamental) que nous continuons à croire fertile:
$ ◊
a
[39] MILLER cite jusqu’à ...”
Toi (= le devoir, RL)
qui
ne renfermes rien en toi d’agréable..” mais
”oublie” d’ajouter que le devoir ne menace pas non plus avec
des sanctions...
[40] cela
deviendra le titre d’un livre du philosophe polonais KOLAKOWSKI:
”
God Owes Us Nothing”, University of Chicago Press, Chicago
1992
[41] KdpV, Werke VII 194,
[42] Egalement dans
”
Metaphysik der Sitten, Werke VIII 533, 534, 540:
zur Tugend
Apathie vorausgesetzt..., 541:
Affekt, selbst wenn erregt durch
Vorstellung des Guten, hinterlässt Mattigkeit... etc
[43] Références
dans le texte! Nous proposons comme traduction ”libre” du vers Sat
VI 223: ”
Je veux cela, c’est un ordre, que ma volonté
vaille pour
raison!”
[44] LK p.
40-41
[45] Sat VI
184-199
[46] Metaphysik der
Sitten, W VIII p. 538, ”
Von der wohllüstigen
Selbstschändung. C’est Clément ROSSET, in: POLAC &
ROSSET, ”Franchise postale”, PUF (Paris) 2003, qui livre
l’anecdote
[47] ... LK
40-41... et imagine KANT ayant un ”Aha-Erlebnis” (en castillan
”jajá”) en lisant JUVÉNAL ...