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La logique des maladies : hommage à Marcel Mauss

La logique des maladies : hommage à Marcel Mauss

(Des mots, des ouvrages, des actes et des normes)

Le « fait social total »

Le praticien, en tant que clinicien qui rencontre des gens qu’il n’a jamais vus auparavant et qu’il ne connaît pas, est inéluctablement confronté à quelqu’un d’autre. Je ne vois pas du tout comment il pourrait lui être utile de forclore la rencontre et chercher à établir un diagnostic d’ordre statistique en utilisant des questionnaires standardisés.

Mais quelle attitude peut-il adopter ? Vaste question.

Mais on pourrait argumenter que l’attitude du clinicien n’est pas étrangère à celle que prône Marcel Mauss en tant qu’ethnographe. Celui-ci part du principe qu’il y a de l’altérité, donc une distance au fond énorme à franchir, petit à petit, par immersion dans un monde étranger qu’il faut tenter de s’approprier sans aucune forme de projection, sans anachonisme, anatopisme ni anastratisme, par exemple à la manière de Maurice Leenhardt qui a longtemps séjourné et travaillé chez les Canaques en Nouvelle-Calédonie[1].

Mauss propose et demande de s’intéresser au « fait social total » [2]. En tant qu’ethnographe il n’isole pas le droit de l’économie, ni l’économie du fait religieux, des règles d’alliance, du système des obligations, des techniques du corps, des croyances et cetera. Il essaie d’embrasser tous les champs de l’interaction humaine sans en privilégier un seul, dans le but de comprendre la manière d’être d’une communauté, manière d’être propre à un temps, un espace, un milieu.