Préface
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Comme la naissance et les progrès de la maladie que nous
appelons fureur utérine, viennent absolument des impressions et
des mouvements des fibres intérieures des organes, je crois devoir me
dispenser de donner ici la description des parties extérieures de la
femme.
Je me bornerai donc à décrire le plus succinctement
qu’il me sera possible, ses parties intérieures, et surtout celles
qui concourent’ immédiatement aux impressions et affections de la
matrice, comme siège principal des fâcheux accidents dont
j’entreprends de faire l’effrayant tableau.
Nous
considérons dans les parties de la femme deux conduits : l’un
appelé le canal de l’urètre, dont nous ne donnerons aucune
description, parce qu’il est tout à fait étranger à
notre sujet ; l’autre est le vagin, que les anatomistes nous disent
être un canal long, qui descend depuis l’orifice de la matrice,
jusqu’à l’extrémité des parties honteuses de la
femme.
Dans les vierges on lui donne environ cinq à six pouces de
longueur ; il passe entre la vessie et le rectum. Des deux membranes qui
composent sa substance, l’une est interne, et l’autre est
externe.
L’interne est un tissu de nerfs qui la rendent
conséquemment très sensible. Sa partie intérieure est
pleine de rides spirales qui s’étendent dans l’accouchement.
Ce canal est rempli de vésicules qui contiennent une espèce de
mucosités que déchargent une infinité de petites
glandes ; de là vient l’humidité fort nécessaire
dans le vagin.
La membrane externe est un tissu de fibres musculaires
capables d’extension et de contraction. On voit à la partie
intérieure de l’orifice de ce canal, un plexus de vaisseaux qui
composent un corps caverneux rempli de sang artériel que
déchargent ces vaisseaux dans certains moments de volupté, qui
étant embrassés par une quantité de fibres musculaires dont
nous venons de parler, contractent singulièrement l’orifice, et
procurent une sensibilité exquise.
Les artères et les veines
de la partie supérieure du vagin viennent des hypogastriques, et celles
de la partie inférieure ont leur principe dans les parties
hémorroïdales. Elles se communiquent les unes aux autres, et sont
destinées à les vivifier pour gonfler et raidir les corps
caverneux par l’extrême sensibilité qui y règne. Le
surplus du sang des artères est rapporté par les veines dans la
veine-cave.
La matrice est un corps membraneux composé d’un
tissu cellulaire de fibres, couvert d’une grande quantité de
vaisseaux sanguins. Sa figure ressemble exactement à celle d’une
poire, dont la cavité peut contenir une grosse amande. Sa longueur,
depuis son orifice interne jusqu’au fond, est de trois travers de
doigt ; sa partie postérieure est large de deux pouces, et
l’antérieure d’un. Elle a un pouce d’épaisseur.
Sa situation est dans la partie inférieure de l’hypogastre, entre
le rectum et la vessie, où les os pubis la défendent par devant,
et l’os sacrum par derrière ; mais il règne un certain
espace entre eux et elle, ce qui occasionne dans le sexe la grosseur des
hanches.
Son orifice, qui se joint à la partie supérieure du
vagin, est fort petit, et ressemble assez au museau d’un chien ; sa
cavité interne à la gorge de l’orifice, s’appelle col de la matrice. Sa surface est inégale, et pleine de rides,
dans les intervalles desquelles on remarque plusieurs conduits très
petits qui arrosent le col de la matrice pendant l’écoulement des
ordinaires. Les flueurs blanches viennent des glandes qui sont à
l’origine de ces petits conduits, et qui sont proprement le siège
de cette maladie si commune aujourd’hui dans le sexe, qui la supporte sans
faire réflexion qu’il porte un principe de mort : les
remèdes en sont néanmoins à présent très
connus.
Le col de la matrice a de petits trous qui sont les
extrémités des conduits qui viennent des vésicules
séminales, destinés à verser dans la matrice une liqueur
mucilagineuse et spermatique, que les vésicules pompent et attirent des
testicules ou ovaires de la femme, et qui, n’étant point une
semence, en tient néanmoins lieu, par le plaisir qu’elle cause en
sortant de ces vésicules, qui sont de petits corps sphériques
servant de réceptacle à cette liqueur spermatique, qui y est
introduite par les vaisseaux déférents qui prennent leur origine
dans les ovaires. Ces vésicules sont nerveuses et musculaires; elles se
dilatent par le mouvement des muscles accélérateurs qui leur font
attirer la liqueur spermatique, qui dans le moment les oblige à se
contracter, pour la pousser avec force dans la cavité de la matrice.
Jusque-là la femme a agi toute seule ; et comme le mouvement
particulier de ses organes nous étant bien connu, est suffisant pour nous
mettre parfaitement au fait des causes puisées dans sa nature, qui sont
relatives aux accidents de la fureur utérine, nous n’irons pas plus
loin sur 1’usage de ses muscles et de ses fibres, dont la progression nous
mènerait, comme malgré nous, aux principes et aux effets de la
génération.
Nous nous réduirons à dire encore
quelques mots sur la situation des veines, des artères et des nerfs, de
la matrice et de ses ligaments, parce que toutes ces choses importent
singulièrement à notre sujet ; et quoique les ovaires
n’aient pas un rapport bien essentiel aux accidents dont je traite, je
crois cependant nécessaire d’en faire connaître la nature, la
situation et les effets, qui deviennent fréquemment la source de
quantités d’accidents, par l’ignorance des pères et
mères, ou de celles qui sont chargées de l’éducation
de la jeunesse.
Les artères et les veines de la matrice viennent des
hémorroïdales, des hypogastriques et des vaisseaux spermatiques qui
s’anastomosent l’un avec l’autre. Les nerfs de la matrice
viennent des intercostales et de ceux qui sortent de l’os sacrum. Il y a
beaucoup de vaisseaux lymphatiques dans sa surface interne, qui,
s’unissant peu à peu, forment de grosses branches qui ont leur
insertion dans le réservoir du chyle. Tous les vaisseaux de la matrice
rampent sur sa surface externe, faisant plusieurs tours et replis qui les
garantissent de rupture dans l’extension.
La partie
postérieure de la matrice ne tient à rien ;
l’antérieure est attachée à la vessie et au rectum et
chaque côté par deux espèces de ligaments qu’on divise
en ligaments larges et en ligaments ronds.
Les ligaments larges ne sont
autre chose qu’une production du péritoine qui part des
côtés de la matrice. Ils sont composés d’une double
membrane qui en contient une autre dans sa duplicature. On les compare
communément, à cause de leur figure et de leur largeur, aux ailes
des chauves-souris.
L’ovaire est attaché à une de leurs
extrémités, laquelle a ses vaisseaux déférents,
l’un qui s’insère dans le fond de la matrice, et
l’autre qui va se rendre dans les vésicules séminales vers
son col.
Les ligaments ronds naissent de la partie antérieure et
latérale du fond de la matrice et, passant par les productions du
péritoine à travers les anneaux des muscles obliques et
transversaux de l’abdomen, vont se perdre dans la graisse auprès
des aines, où ils forment une expansion en patte d’oie.
Il y a
dans les femmes quatre vaisseaux spermatiques. Ils sont plus courts que ceux des
hommes : chaque artère forme plusieurs plis et retours ; en
descendant elles se partagent en deux branches, dont la plus petite va à
l’ovaire, et la plus grosse se divise en trois, dont il y en a une qui se
distribue sur la matrice, une autre au dessus du vagin, la troisième sur
les ligaments de la matrice et les trompes de Fallope.
Les ovaires sont
deux corps de figure ovale, un peu aplatis sur le devant, dont chacun est
situé aux côtés, à deux travers de doigt ou environ
de distance du fond de la matrice. Ces ovaires, que nous appelons aussi testicules de la femme, sont glanduleux et membraneux, et presque de
moitié moins gros que ceux des hommes. Leur surface naturelle est
polie ; ils sont couverts d’une membrane propre qui adhère
fortement à leur substance, et d’une autre membrane commune qui
vient aussi du péritoine, et qui couvre les vaisseaux spermatiques. Leur
substance est un composé de glandes, de fibres et de membranes qui
laissent de petits espaces entre elles, dans lesquelles il y a des
vésicules rondes de différente grosseur, pleines d’une
liqueur blanche. On en remarque quelquefois jusqu’à une douzaine
dans un seul ovaire.
Je ne décrirai pas comment et sous quelle forme
les nerfs sont attachés à l’ovaire, ou plutôt à
ses interstices ; je ne dirai rien de la chute des oeufs, de leur
fécondation dans la matrice, parce que ces spéculations sont
très étrangères à mon objet ; mais je ne puis
m’empêcher de parler de la chute contre nature de ces mêmes
oeufs, parce que, comme je l’ai déjà annoncé, elle
est une source d’accidents notables auxquels, surtout les jeunes
personnes, sont sujettes.
Par cette chute contre nature, j’entends la
chute des oeufs avant leur maturité, c’est-à-dire avant le
terme prescrit par les règles ordinaires de la nature, soit dans
l’ordre de la génération chez les femmes, soit dans celui du
flux menstruel dans toutes les personnes du sexe.
Sa cause vient de quelque
indisposition des ovaires qui les forment, ou de quelque impureté du sang
qui se mêle dans la substance des oeufs, d’où vient
qu’ils se détachent les uns après les autres avant le temps.
Alors leur substance, semblable à celle d’un fruit avorté,
ou piqué des vers, cause une grande irritation dans la cavité de
la matrice, et par son âcreté mordicante incise les
extrémités capillaires des vaisseaux sanguins, ce qui fait fluer
longtemps le sang pur des veines ; c’est ce qu’on appelle perte de sang : première incommodité. La seconde,
c’est qu’il en arrive les coliques les plus aiguës ; et la
troisième enfin, qui est la plus dangereuse, ce sont des ulcères
à la matrice. Heureux qui sait les connaître quand ils existent
dans cette partie, plus heureux encore qui sait y faire parvenir les vrais
spécifiques !
Lors au contraire que par quelque obstruction
dans les viscères, ou par le défaut d’une bonne formation,
soit aussi que par son propre vice, ou telle maladie que ce puisse être,
le sang n’ait point la force de porter dans les vésicules ce suc
précieux qui forme la fécondité de la nature, il
s’ensuit la stérilité incurable quand le vice est dans les
solides, ou bien la jaunisse et les pâles couleurs qui conduisent
bientôt la malade au tombeau, si on n’a recours au plus tôt
aux remèdes capables de rétablir les fluides.
On trouvera
à la fin de mon Appendice de les Formules, deux
spécifiques, dont on choisira le plus commode, suivant les situations des
personnes et le goût de la malade.
Je me suis beaucoup plus
étendu que le n’aurais voulu le faire sur le détail des
parties organiques de la femmes ; mais j’en ai cru la connaissance si
nécessaire pour la suite de cet ouvrage, que je me suis, par cette
raison, beaucoup moins restreint que je ne l’avais d’abord
projeté. Il convient à présent de donner une idée
générale de la nymphomanie.