La logique des maladies : le principe du cristal
La logique des maladies : le principe du cristal
(Des mots, des ouvrages, des actes et des normes 8)
En utilisant les statistiques du DSM ou de la CIM, on décide qu’il y a trouble, voire qu’il y a quelqu’un qui trouble l’ordre sociétal, non pas en référence à des dysfonctionnements explicatifs, à des causalités en panne qu’on mettrait en évidence à travers des procédures permettant de cerner le phénomène apparent à travers la construction de faits contraints, mais en fonction de comportements que l’on observe et recueille. Et en choisissant ces comportements-là sans expliquer les processus-sous-jacents qui les déterminent, on risque de les choisir uniquement parce qu’on estime qu’ils sont incongrus, parce qu’on juge qu’ils sont déviants par rapport à la « normalité », parce qu’on les évalue.
Mais on a tendance à oublier que cette normalité n’est jamais autre chose qu’un code de conduite social plus ou moins singulier, tout sauf universel, peut-être éthique, mais parfois simplement économique. On est alors dans les préjugés irréfléchis, égocentriques ou ethnocentriques, impossibles à négocier tant avec les patients eux-mêmes qu’avec des cliniciens qui n’utilisent pas ces statistiques.